La note financière de la France a été dégradée de "AA" à "AA-" par l'agence de notation Standard & Poor's, samedi 1er juin. Mais le monde continue de tourner, il n'y aura pas de conséquence à court terme. D’abord parce que c’était attendu. Les mauvais chiffres de nos finances publiques pour 2023 et 2024 sont connus depuis plusieurs mois. Ensuite, la France est dans l’Union monétaire. Cela nous protège, nous profitons de la bonne réputation des autres. C’est l’avantage du passager clandestin, il voyage sans payer son billet.
Ce n'est pas pour autant un événement sans importance. Cette dégradation n’est pas tant un problème en elle-même que par ce qu’elle révèle : l’amenuisement progressif de nos marges de manœuvre budgétaires. Le coût annuel de la dette, c’est-à-dire les charges d’emprunt que nous payons chaque année à nos créanciers, représente une cinquantaine de milliards. Ce sera bientôt 70, selon les projections les plus raisonnables. Au moment où nous nous trouvons face à un mur d’investissement.
Il y a trois défis considérables, sans même parler d’une nouvelle pandémie, vraisemblable, et dont la probabilité est renforcée en Europe par le changement climatique. Premier défi : se réarmer, pour faire face au risque de guerre, le plus élevé depuis une génération et demie. On parle, pour la seule France, de dizaines de milliards d’euros. Deuxième défi : décarboner l’économie et nous adapter au changement climatique. 60 milliards d’euros par an, selon le rapport Pisani-Mahfouz.
Le troisième défi, le plus lourd, est celui de l’évolution de la démographie. Elle affecte en effet nos finances publiques de deux façons. D’abord sur les dépenses, à cause du vieillissement, qui augmente la charge des retraites et celle de la santé, et peut faire exploser notre sécurité sociale. Ensuite, et c’est encore plus sérieux, sur les recettes, c'est-à-dire les impôts et les cotisations sociales, qui sont proportionnelles au nombre de personnes qui travaillent.
Moins d’actifs, c’est moins d’heure travaillées, donc moins de croissance, donc moins de recettes fiscales et sociales. Or, la pente démographique inéluctable de l’Europe va faire diminuer le nombre des personnes en âge de travailler, au profit des séniors. En 2024, l’Europe va voir le nombre de ses habitants diminuer, pour la première fois de son histoire en temps de paix. Pour la population active européenne, l’inflexion a eu lieu en 2011. Il y avait alors 270 millions d’actifs chez nous, il n’y en a plus que 261 millions.
On n’est pas loin de perdre un million de personnes en activité par an, c’est le seul continent qui connaît cette tendance sur la planète. Cela augmente partout ailleurs. La France est un peu privilégiée dans cette évolution, qui est plus lente chez nous qu’ailleurs, mais tout aussi inéluctable.
Si l’on résume, nous nous dirigeons vers des temps où les recettes seront plus faibles, alors que les dépenses vont être beaucoup plus lourdes. C’est une bonne raison pour mettre des noisettes de côté. Ou au moins pour ne pas laisser les finances publiques hors de contrôle comme elles le sont devenues.
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