ÉDITO - Nintendo Switch 2 : "Un succès qui redonne espoir à toute l’industrie du jeu vidéo", pour François Lenglet

C’est tout simplement le meilleur lancement de toute l’histoire des consoles de jeux vidéo : en quatre jours, 3,5 millions de consoles Nintendo Switch 2 se sont écoulées dans le monde, dont près de 200.000 en France, à près de 500 euros pièce quand même. L’enjeu est très élevé pour le Japon, qui avait fait un carton mondial avec la première version de la Switch, à partir de 2017.

Nintendo, est l’un des leaders mondiaux de l’industrie du jeu vidéo, avec la Game Boy il y a plus de 30 ans, la DS, la Wii, et bien sûr la Switch et ses personnages presque aussi célèbres que ceux de l'enseigne Disney, comme ceux de l'univers de Zelda ou encore Mario et sa casquette rouge culte évidemment. Au-delà de Nintendo, ce succès redonne espoir à toute l’industrie du jeu vidéo, qui en avait besoin.

L’industrie du jeu vidéo est-elle en perte de vitesse ?

Du côté de l'industrie du jeu vidéo, il y a d’abord eu le contrecoup de l’extraordinaire croissance qu’elle a connue pendant le Covid. En deux ans, 2020 et 2021, le chiffre d’affaires mondial du secteur était passé de 145 à 195 milliards de dollars, une envolée de quasiment un tiers, après trois décennies de progression régulière.

C’était bien sûr l’effet du confinement et du début du télétravail. En se recentrant sur leur foyer, les terriens ont joué bien davantage. Depuis, il y a eu trois années de stagnation, à un niveau plus faible qu'en 2021. Il a aussi fallu compter avec le développement des réseaux sociaux, l’arrivée de TikTok par exemple, qui accaparent l’attention des consommateurs et leur temps disponible.

Qu’est-ce qui peut redonner des couleurs au secteur ?

L’offre, avec les nouveautés technologiques, et la qualité des programmes est cruciale. On attend d’ailleurs beaucoup de la version 6 d’un jeu très célèbre, Grand Theft Auto (GTA 6), en développement depuis près de dix ans et ayant été retardée jusqu’à 2026. Ce ne sera pas facile. Même les jeux les plus diffusés comme FIFA, une compétition de football virtuelle, ont rapporté moins que prévu, alors que les coûts de développement se sont emballés. Fabriquer un jeu représente désormais plusieurs centaines de millions, exactement comme un film. Du coup, les fermetures de studio et les suppressions d’emploi se sont multipliées.

En France, on souffre aussi dans ce secteur pour les mêmes raisons que les Américains. Le poids lourd français du secteur, Ubisoft, n’est pas en forme. La dernière version de son produit phare, Assassin’s Creed, n’a pas convaincu. Certains dirigeants de l’entreprise ont été inquiétés pour harcèlement, plusieurs milliers d’emplois ont été supprimés et le cours boursier a perdu 56% depuis un an. De nombreux petits studios s’étaient montés à la belle époque, certains ont mis la clé sous la porte. Malgré cela, 73% des Français disent jouer au moins de façon occasionnelle.