ÉDITO - "La France a un incroyable talent fiscal", estime Etienne Gernelle

Le 10 avril, la TVA (la taxe sur la valeur ajoutée) fêtera ses 70 ans. L’occasion de rendre hommage à cette invention... Française. Oui, la France a un incroyable talent… Fiscal ! Si seulement il y avait des droits d’auteurs sur les taxes que nous inventons, nous serions riches.

Adoptée dans le monde entier, elle a été mise au point en France, en 1954, par un inspecteur des finances et polytechnicien, Maurice Lauré. Gloire à lui ! Alors je me moque, mais en l’espèce, la TVA fut vraiment une formidable invention, puisqu’elle a remplacé un système de taxes complexe. Le problème, c’est quand le génie fiscal français se transforme en science de l’étouffement. Ce savoir-faire vient de loin.

En 1583, Henri III instaure une taxe sur les cartes à jouer. Absolument, parce que la morale réprouve le jeu. La Révolution, elle, instaura l’impôt sur les portes et fenêtres, particulièrement lourd pour les portes cochères. En 1855, sous Napoléon III, naîtra une taxe sur les chiens qui sera maintenue jusqu'en 1979. On a un temps taxé les machines automatiques, c'est-à-dire les flippers et les baby-foot. Disons-le : nous sommes des champions.

Va-t-on enfin inventer l’impôt qui ne fait pas mal ?

Etienne Gernelle

Aujourd'hui, les estimations varient : il y aurait entre 300 et 480 impôts et taxes, ce qui serait un record mondial, selon Éric Anceau et Jean-Luc Bordron, les auteurs d’un livre formidable que je vous recommande : Histoire mondiale des impôts.

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Mais à la fin, il y a un juge de paix en la matière : le taux de prélèvements obligatoires : 43,5 % en 2023, soit le deuxième score en Europe, tout juste après le Danemark, avec lequel nous nous disputons chaque année la suprématie fiscale européenne. Et le match continue. 

Il ne vous a pas échappé que Gabriel Attal a annoncé le lancement d’une mission parlementaire sur, je cite, la "taxation des rentes". Alors, la notion de rente est tout sauf claire. Le Premier ministre s’est d’ailleurs efforcé dans la foulée de rassurer particuliers et entreprises. Et Bruno Le Maire continue, lui, de dire qu’on n’augmentera pas les impôts. 

D’où cette question : va-t-on enfin inventer l’impôt qui ne fait pas mal ? Cela donnerait raison à cette géniale saillie d’Alphonse Allais, que je vous livre : "il faut demander plus à l’impôt et moins au contribuable".