ÉDITO - Hausse de la taxation des plus riches : "Ce n'est pas ça qui réglera le déficit", estime François Lenglet

Quel bilan pour la grève du 18 septembre ? La mobilisation a été réussie. Néanmoins, il y avait quelque chose d'un peu étrange quand même à voir ces cortèges qui manifestaient contre un gouvernement qui n'existe pas et un plan de rigueur qui a été retiré. Mais en réalité, les manifestants protestaient contre le principe même des économies. Et, avec ce succès, ils ont établi un rapport de force avec le gouvernement. Ça n'empêchera pourtant pas la réalité de se rappeler à notre souvenir, maintenant que les cortèges sont dissipés. 

Deux éléments importants vont réapparaître, comme les rochers quand la mer descend. Nos problèmes budgétaires ne s'expliquent pas par les baisses d'impôts décidées au début du quinquennat, mais par un surcroît de dépenses unique en Europe. Le taux d'impôt moyen des sept années Macron est de 44% de la richesse nationale. Celui des cinq années Hollande, juste avant, était de 44,5%. Ça fait un demi-point de PIB d'écart, ça correspond à 15 milliards d'euros. 

Or, notre déficit est de 170 milliards d'euros, plus de dix fois la baisse d'impôt de Macron. Ce n'est pas du tout le même ordre de grandeur. Notre problème, c'est la dépense, pas les recettes. 

"Il n'y aura pas de rétablissement français sans réforme de notre modèle social".

François Lenglet sur RTL

Faut-il ne pas augmenter les impôts ? On peut le faire à la marge. Il ne faut pas oublier qu'on est déjà quasiment au record de l'histoire du pays et au record d'Europe, c'est-à-dire du monde. Mais c'est vrai que pour des raisons politiques, on peut considérer qu'il faut augmenter les contributions des plus riches. Elles sont plus faibles, en proportion, que celles de la classe moyenne. Mais ce n'est pas ça qui réglera le déficit.

L'État lui-même peut et doit bien sûr faire des économies dans son fonctionnement, dans ses interventions, subventions, qui ont atteint un niveau sans précédent. Pour le reste, et c'est la seconde vérité qui va réapparaître, il n'y aura pas de rétablissement français sans réforme de notre modèle social. Les dépenses de protection sociale et leur croissance menacent de dévorer progressivement les moyens de la puissance publique. Ça ne veut pas dire qu'il faut casser les protections, mais qu'il faut les réserver à ceux qui en ont vraiment besoin. 

Un seul exemple, les ruptures conventionnelles. Cette procédure de séparation à l'amiable entre un salarié et son employeur qui permet d'obtenir les allocations chômage. Il y a une explosion de ces ruptures conventionnelles, elles dépassent la barre des 500.000 chaque année. Ça coûte près de 10 milliards d'euros par an alors qu'il s'agit bien souvent de démissions déguisées. On ne peut pas se permettre ça. On a besoin de l'argent pour l'éducation, la défense, la transition énergétique. Pour investir !