ÉDITO - G20 : "2023, c'est vraiment l'année de l'Inde", souligne François Lenglet

L’Inde accueille à partir du 9 septembre la réunion du G20, les vingt pays les plus puissants du monde. 2023 est vraiment l’année de l’Inde, comme le souligne la réunion du G20, qui est une forme de consécration. Quelques semaines auparavant, le pays a réussi l’alunissage d’une fusée indienne sur le pôle Sud de la lune, l’endroit où toutes les grandes puissances spatiales souhaitent désormais se poser. 

Cette même année, l’Inde est devenue le pays le plus peuplé du monde, avec plus d’1,4 milliard d’habitants, et une population active en pleine expansion pour les décennies qui viennent. Pour couronner ces succès, le pays affiche une croissance économique de plus de 6%, au moins le double de celle de la Chine. Elle est désormais la cinquième puissance mondiale, et devrait bientôt dépasser l’Allemagne et le Japon pour être la troisième, derrière les États-Unis et la Chine. 

Comment expliquer la réussite de l'Inde ?

Une politique économique habile, celle du premier ministre Modi, a su moderniser le pays. Par un effet de balancier, les difficultés de la Chine, ont conduit bon nombre d’industriels, comme Apple, à investir dans le pays pour construire des usines. Les difficultés chinoises sont économiques, avec le ralentissement de la croissance et une baisse de compétitivité, et politiques avec les dissensions croissantes qui l’opposent aux États-Unis.

Les industriels occidentaux ne veulent plus mettre tous leurs œufs dans le même panier, par craintes des sanctions américaines, en particulier dans le secteur technologique. Par conséquent, ils redécouvrent l’autre géant asiatique. Malgré ce conflit, l'Inde roule sa bosse pour elle-même. Les dirigeants estiment que leur poids leur permet de ne pas s’aligner, et de maintenir une politique étrangère autonome. Ils sont associés à Pékin dans le groupe des BRICS, les pays émergents, même si les deux pays se haïssent à cause de différents frontaliers.

Ils achètent du pétrole à la Russie, offrant ainsi à Moscou de précieuses devises, et ont d’ailleurs refusé de prendre parti dans la guerre en Ukraine. De surcroît, ils se procurent massivement des armes aux États-Unis et la France. Pour résumer, en matière géopolitique, l’Inde pratique l’amour libre, sans de lien exclusif. La Chine lui rend bien son animosité. Xi Jinping, le chef de l’État chinois, a décidé de ne pas venir au G20 indien. C’est sans précédent.

Peut-on croire à un miracle économique indien ?

Il est peu probable que l'Inde connaisse le même miracle économique que la Chine. Il s'agit d'un pays extrêmement bureaucratique et protectionniste. De plus l'Inde est une société féodale, divisée en classes sociales étanches, où l’éducation et les soins manquent à des centaines de millions de personnes, sans même parler des infrastructures. 

La Chine n'était pas dans cette situation il y a 40 ans, grâce au communisme, le pays était pauvre mais organisé et égalitaire. Pour autant, une classe moyenne se développe en Inde, et au plan des relations internationales, il va désormais falloir compter avec l’Inde.