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Les présidents américain et russe, Joe Biden et Vladimir Poutine
Crédit : MANDEL NGAN, Mikhail Metzel / AFP / SPUTNIK
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On parle beaucoup des sanctions économiques contre la Russie. Ce n'est pas le premier pays frappé par ce type de mesures de rétorsion. Est-ce que ça marche ? Non. Quand on regarde dans l'histoire récente : asphyxier économiquement un pays n'a pas permis de faire tomber son régime politique ou n'a pas permis d'infléchir une politique. Selon l'institut suisse Targeted Sanctions Consortium, au cours des dernières années, 22% seulement des pays sous sanctions économiques ont infléchi leur politique pour éviter les conséquences d'un embargo.
Et pourtant, des pays sous sanctions, il y en a beaucoup. La liste s'allonge tous les ans car il y a les sanctions internationales sous l'égide de l'ONU et il y a les mesures unilatérales décidées par un seul pays à l'encontre d'un autre qui ne partage pas sa vision. Et, en général, ce pays : ce sont les États-Unis. Mais, du coup, les pays sanctionnés trouvent souvent un allié pour les aider et les fournir malgré l'embargo : la Russie pour Cuba ou la Syrie, la Chine pour la Corée du Nord par exemple.
Cuba, l'Afrique du Sud, l'Iran, l'Irak, la Russie, les sanctions économiques n'ont pas fragilisé les pouvoirs en place. C'est même plutôt l'inverse. Et c'est paradoxal car les sanctions économiques appauvrissent la population. Mais elles renforcent les régimes autoritaires. La population fait bloc derrière ses dirigeants : seuls contre le reste du monde. Il suffit de reprendre nos exemples : Cuba, 54 ans d'embargo avant un allègement de l'embargo sous Obama en 2015 mais 49 ans passés sous la coupe de Fidel Castro. Les sanctions ne l'ont pas renversé.
Est-ce que les sanctions ont un impact sur Téhéran ? L'Iran est sous embargo depuis 1995. On est toujours dans une république islamique. En 2013, un modéré, Hassan Rohani était arrivé au pouvoir. On avait pu signer un accord sur le nucléaire. Mais Donald Trump a claqué le couvercle de la centrifugeuse en 2019. Au grand dam de Total ou de Peugeot qui espérait y vendre 400.000 voitures. Un embargo peut faire des perdants des deux côtés.
En Afrique du Sud, l'Apartheid est quand même tombé à la suite de sanctions économiques. En 1986, la communauté internationale avait décidé des sanctions économiques pour dénoncer le régime de l'Apartheid. Il y avait eu des émeutes raciales. Les restrictions concernaient le pétrole et les avoirs financiers. Il y a eu un impact économique : 1,5 point de croissance chaque année. C'est beaucoup.
Au bout de cinq ans, le régime est tombé mais il y avait aussi une figure de la résistance avec Nelson Mandela libéré en 1990. Et on s'est rendu compte que les mesures avaient surtout appauvri les noirs et qu'il n'y avait pratiquement pas de chômage chez les blancs.
L'addition de la sanction économique est toujours réglée par les plus fragiles.
La Russie est déjà sous sanction depuis 2014 suite à l'annexion de la Crimée. Il y a eu des conséquences ? Presque rien. Selon le Fonds Monétaire International, la Russie perd 0,2 point de PIB par an depuis 8 ans. Quand on est un des plus gros producteurs au monde de matières premières comme le pétrole ou le gaz, ça n'a aucun impact sur le budget du pays. Les sanctions internationales ne risquent pas d'empêcher de dormir le trésorier du Kremlin.
Les Européens pourraient y perdre plus que les Russes ? Ce n'est pas à exclure. Il y a de la Bérézina en vue. Car Moscou va aussi sanctionner l'Occident qui se fournit en matières premières. Si le pétrole atteint les 100 dollars (on y vient gentiment, on est à 97 dollars)... si le gaz suit le même chemin, la facture énergétique va devenir insupportable pour les occidentaux. La France n'importe que 17% de gaz russe mais en Allemagne, Poutine fournit 55% du gaz.
On sait aussi que la Russie est un gros client commercial des éleveurs de bovins, de porcs et de volailles. Il y aura des conséquences pour certains pays comme la Finlande, les pays baltes ou la Pologne qui ont des liens commerciaux très étroits avec Moscou.
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