Crise chez Boeing : pourquoi le salaire du PDG démissionnaire suscite la polémique

C'est une rémunération qui ne manque pas de faire parler. Alors que le constructeur américain Boeing connaît des secousses ces derniers mois, son patron démissionnaire, David Calhoun, devrait toucher un salaire de 33 millions de dollars sur l'année écoulée, en hausse de 45%. Cette annonce passe mal auprès des salariés, alors que Boeing est frappé par des défauts de constructions en pagaille sur ses avions.

La plus grosse agence américaine de conseil vient d’ailleurs d’appeler les actionnaires à voter contre cette rémunération indécente. Ce salaire est inférieur à celui de Carlos Tavares, qui a touché 36 millions et demi d’euros mais le contexte est très différent. Stellantis a pu s'appuyer sur 19 milliards d'euros de bénéfice net en 2023, un record. 

Chez Boeing, le cash disparait au même rythme que les boulons censés tenir la carlingue. Le chiffre d’affaires baisse de près de 8% au premier trimestre, avec une perte nette de 350 millions de dollars et après en avoir déjà perdu 400 millions l’an dernier. La branche aviation commerciale, elle, dégringole carrément de 25%.

Des incidents en cascade

Chez Boeing, les problèmes ont débuté en 2018, avec la dernière version du 737 max. Deux crashs à quelques mois d’intervalle avaient fait 350 morts. Dans les deux cas, une sonde censée empêcher l’appareil de décrocher était tombée en panne. C’est juste après cet épisode que David Calhoun, membre du conseil d’administration a été nommé PDG. Avec pour mission de redresser la barre de l’avion Boeing.

Sauf que tout ne s'est pas passé comme prévu. Le 5 janvier 2024, un 737 Max nouvelle version, de l’Alaska Airlines, perd une porte en plein vol. Un accident gravissime qui entraine la dépressurisation de l’appareil. Un technicien avait oublié de remettre les boulons en place. Pendant que l’administration fédérale de l’aviation américaine mène l’enquête, les incidents se poursuivent : douze blessés dont un grave dans un vol australien après un trou d’air causé par un problème technique, une roue qui se décroche au décollage et s’écrase sur un parking de San Fransisco...

C'est à ce moment-là que les autorités découvrent des défauts de fabrication. L’enquête révèle des manquements en cascade et 33 des 83 points de production vérifiés présentent des dysfonctionnements. Une centaine de non-conformités aux procédures sont également constatées, notamment dans le contrôle qualité. La justice américaine pourrait carrément dénoncer le deal passé par Boeing après les crashs : deux milliards et demi d’amende et de dommages et intérêts pour les familles des victimes contre l’absence de poursuites.

Ces turbulences ont poussé David Calhoun, le patron de Boeing, à la démission. Il s'agit de la moindre des choses au vu de la situation. Le dirigeant renonce aussi à sa prime d’intéressement de 3 millions de dollars.