Airbus a annoncé lundi 22 mars qu’il renonçait au versement
du dividende promis à ses actionnaires. Et ce n’est pas le seul groupe à faire
ça. Quand on regarde dans le monde entier il y a Boeing, Ford, Lufthansa, Europcar,
ou les hôtels Intercontinental : tous ont fait la même annonce.
Bruno Le Maire m’a affirmé que d’autres groupes français
allaient suivre. Il incite d’ailleurs les entreprises à la plus grande modération
sur le versement des dividendes en ce moment. Le cabinet Alpha Value, qui observe
les sociétés cotées, estime qu’en Europe ce sont 90 milliards d’euros de dividendes
qui devraient s’évaporer cette année, c’est un quart des sommes qui étaient
promises.
Pourtant, la solidité financière de ces grandes entreprises
repose sur ces dividendes. Mais, on va être honnête, on partait quand même de
très haut. En 2019, on a battu des records de versement des dividendes avec 1.430
milliards de dollars dans le monde et les entreprises françaises étaient les plus généreuses en Europe dans la matière.
Renoncer aux dividendes revient à garder l’argent en caisse
pour cette période qui est difficile. C’est le cas d’ailleurs pour Airbus qui
anticipe un report des commandes d’avions cette année et qui va économiser 1,4
milliard d’euros en supprimant les dividendes. Mais il y a aussi une sorte de
responsabilité morale. On ne peut pas verser que 84% du salaire net aux salariés
qui sont en chômage partiel, salaire pris en charge par l’État et puis rémunérer
à grands coups de milliards les actionnaires.
L’industrie tourne à 25% de ses capacités actuellement en France
selon Bercy. Il faut que tout le monde participe à l’effort de guerre. Et
pourtant, Total, Publicis maintiennent de gros dividendes. Mais là, ça peut se
défendre aussi parce que tout n’est pas blanc ou noir. Total fait face à un choc pétrolier avec son
baril qui a vu son cours divisé par deux en quelques semaines.
Publicis qui travaille dans l’événementiel et la publicité est en train de
voir les contrats tomber. C’est le moment où il faut sécuriser ses actionnaires,
les récompenser pour leur fidélité et éviter des raids boursiers, des OPA ou
une perte de contrôle de l’entreprise. Conserver les dividendes, c’est donc une
sorte d’airbag financier dans ces cas-là.
Il ne faut jamais oublier que la moitié des entreprises du CAC40
sont détenues par des fonds d’investissement étrangers qui attendant leur rémunération
en dividende. La chance de nos entreprises
pour l’instant, c’est que la crise est mondiale. Les fonds d’investissement ne
font pas de sentiment mais ils sont inspirés par la spirale de baisse sur les
marchés financiers, les traders appellent ça rester coller, les fonds ne
peuvent plus sortir. C’est le confinement boursier, en quelque sorte.
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