Les fortes chaleurs et l'activité économique ne font pas vraiment bon ménage. Alors que la France fait face à une canicule depuis plusieurs jours, l'impact de ces températures élevées sur la productivité pourrait être très important.
Les conséquences de ce coup de chaud, diffuses et multiples, sont pour l'instant difficiles à chiffrer. Mais elles pourraient se compter en milliards. À titre de comparaison, le coût de la canicule de 2003 pour l'activité économique avait été évalué entre 15 et 30 milliards d'euros par un rapport
sénatorial, soit entre 0,1 et 0,2 % de la croissance française.
Quoiqu'il en soit, le ministère de l'Économie regardera le sujet de très près : avec un rythme de croissance trimestriel déjà faible (0,2%), il ne faudrait pas que la canicule vienne freiner davantage l'économie française.
Le lien entre températures et productivité est au cœur de plusieurs études, conduites notamment par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Bureau International du Travail. Conclusion de ces recherches : pour avoir une croissance optimale, il faudrait se débrouiller pour avoir toute l'année 15 degrés de température. Sinon, ce que les experts appellent "l'inertie thermique" vient perturber l'activité humaine.
Lorsqu'il fait trop chaud, et la productivité des travailleurs s'en ressent : même sans en avoir conscience, on n'a plus la même concentration, plus le même dynamisme, plus la même force physique. Un salarié en sueur, engourdi par la chaleur et constamment à la recherche de fraîcheur ne peut plus fournir la même quantité ou densité de travail qu'en temps normal. Les pauses qui se multiplient, les temps de récupération qui se rallongent, la fatigue qui s'accumule à cause de mauvaises nuits finissent forcément par avoir un impact sur le fonctionnement des entreprises et de l'économie en général.
Au niveau de la planète, les prévisionnistes estiment ainsi qu'à l'horizon 2030, 2.000 milliards de dollars s'évaporeront chaque année sous l'effet du réchauffement climatique.
Au-delà de la productivité individuelle de chaque salarié, certains secteurs sont aussi directement impactés par la canicule. C'est le cas de l'agriculture, puisque les fortes chaleurs se doublent en général d'une sécheresse. Les récoltes, les moissons sont amputées, ce qui déstabilise les marchés agricoles. C'est ce qui se passe actuellement pour le blé notamment. Pas sûr que la hausse des cours compensent en terme de revenus la baisse des quantités récoltées.
La chaleur accablante a aussi une effet sur les vaches : elles produisent moins de lait, jusqu'à 2 litres en moins par jour. Mutiplié par le nombre de têtes du troupeau, cela se transforme vite en un manque à gagner conséquent pour l'éleveur.
Autre secteur impacté : le BTP. Les chantiers tournent au ralenti car on ne peut pas couler de béton quand il fait trop chaud, on ne peut pas travailler sur les toits en plein soleil.
En cas de canicule, certains réacteurs nucléaires sont également arrêtés afin