Quel accès auront nos pêcheurs aux eaux britanniques, plus poissonneuses, lorsque le Royaume-Uni aura quitté l'Europe, dans quelques semaines ? La pêche française tire 30% de sa production des mers anglaises, et localement, cela peut représenter bien davantage. 200 navires français y trouvent ainsi jusqu'à 60% de leurs prises.
Autant dire que si l'accès se refermait à la suite d'une rupture des négociations, c'est la menace aujourd'hui, ce serait une catastrophe économique pour ce secteur qui emploie quelque 13.000 personnes en France. Et au moins deux fois plus si l'on considère les emplois indirects, pour traiter, emballer et transporter le poisson.
Un secteur bien sûr concentré sur nos côtes, et en particulier sur les côtes de Bretagne et de la Manche. C'est Boulogne-sur-Mer qui est le premier port de pêche français.
À l'occasion du Brexit, les britanniques veulent retrouver la souveraineté sur ce qu'on appelle leurs zones maritimes exclusives, qui vont en principe jusqu'à 200 miles au delà de leur côtes, c'est-à-dire plus de 300 kilomètres. C'est devenu un enjeu de souveraineté, politique, le symbole du "take control back", reprendre le contrôle, qui est le slogan du Brexit. Et les pêcheurs britanniques poussent évidemment très fort en ce sens.
Il y a la politique de pêche commune, gérée à Bruxelles, qui définit précisément les droits des nationalités dans les eaux européennes mutualisées, avec des quotas par espèce, pour ne pas épuiser les ressources. Du coup, la France, le Danemark, la Belgique sont dépendants de l'accès aux eaux britanniques. Dans certaines régions du pays comme au large des côtes de Cornouailles, au sud-ouest du pays, les Européens non britanniques réalisent 80% des prises.
La France est arc-boutée, elle a refusé un compromis avec la renégociation annuelle des quotas, trop incertain, selon Paris. Et elle menace de fermer ses frontières au poisson britannique si ses prêcheurs ne peuvent plus travailler là-bas à partir du 1er janvier.
Une bonne partie de la production des Anglais est en effet exportée sur le continent, et a besoin de notre marché. Si la France est si rigide, c'est parce que ce serait un gros choc pour le secteur, déjà éprouvé par la crise sanitaire, la fermeture totale des restaurants pendant le confinement et partielle en ce moment.
D'autant que la consommation de produits de la mer en France, aux alentours de 30 kilos par personne, n'est pas très dynamique. La France n'est pas seule dans ce combat, la Belgique par exemple, vient d'exhumer un traité datant de 1666, qui garantissait un accès éternel à ses pêcheurs. Vous le voyez, on fait feu de tout bois, les tractations se poursuivent cette semaine.
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