Plusieurs études d'opinion montrent que le camp de ce qu'on appelle le Brexit (la sortie de l'Europe) se renforce, alors qu'il était minoritaire jusqu'ici. Les Britanniques seraient 47% à le souhaiter, alors que seulement 44% voudraient rester ancrés à l'Europe, 9% étant toujours indécis. C'est un retournement de tendance. Les sondages étaient jusqu'ici majoritaires pour le maintien.
On a du mal à comprendre pour quelles raisons la moitié des Britanniques veulent-ils quitter l'Europe. En fait, plusieurs choses les motivent : le sentiment que l'Europe les contraint à adopter des règles absurdes ; une poussée de nationalisme comme il en existe dans la plupart des autres pays ; et surtout l'arrivée de nombreux immigrés ces dernières années, attirés par la croissance et le plein emploi.
Dans le camp européen, il y a les 19-29 ans, plutôt les femmes, ainsi que les électeurs de la classe sociale supérieure, les mieux formés. À l'inverse, les plus de 60 ans et les non qualifiés sont majoritairement contre l'UE. Au plan géographique, c'est très contrasté. Le soutien à l'Europe se concentre dans trois régions seulement : le grand Londres (la région la plus riche du pays), le Pays de Galles et l'Écosse. En Écosse, l'indépendantisme, très vivace, s'exprime aussi avec le soutien à l'Europe, contre les Anglais.
Les Anglais pensent que leur contribution au budget européen est trop forte. C'est aussi un sujet de la campagne. La contribution nette du Royaume-Uni, c'est-à-dire ce qu'elle verse moins ce qu'elle reçoit au titre des différentes politiques communes, était de 8,6 milliards d'euros en 2013, à peu près comme la France (8,5) et moins que l'Allemagne, à 14 milliards en 2013.
Mais l'idée qu'elle arrêterait de payer dehors est fausse. Si le Royaume-Uni indépendant souhaitait maintenir des accords commerciaux avec le continent, et ce sera indispensable pour son économie, il pourrait y avoir des contributions à payer, exactement comme pour la Norvège aujourd'hui.
L'idée que le Royaumle-Uni arrêterait de payer une contribution dehors de l'Europe est fausse
François Lenglet
On a lu des scénarios économiques catastrophiques sur le Brexit. Il ne faut pas les croire. C'est vrai que l'évaluation des dommages causés par le Brexit fait l'objet d'études complètement absurdes. Le ministère des Finances britannique parle de 6,2% du PIB ; le cabinet Price Waterhouse, lui, l'évalue à peu près au même prix, 120 milliards d'euros, avec une perte de près d'un million d'emplois. Tout cela n'a guère de sens. On n'en sait absolument rien.
D'autant qu'il y aura la possibilité, pour le Royaume-Uni, de rester dans le marché unique, en négociant des accords comme l'ont fait la Suisse et la Norvège. C'était d'ailleurs la situation de l'Angleterre avant son adhésion à l'Europe, en 1973. Le principal problème, c'est la durée des négociations de tels traités : il faudra des années.
Quelles seraient les conséquences d'une sortie des Anglais pour nous ? C'est tout aussi imprévisible au plan économique. Au plan politique, ce serait regrettable que la France se trouve dans un tête-à-tête avec l'Allemagne, et privé du seul partenaire avec lequel elle peut développer des programmes de défense. Le bon côté du Brexit, pourtant, serait de forcer ceux qui restent à réfléchir un peu plus à leur fonctionnement et à leur avenir. Aujourd'hui, l'Europe est une alliance qui n'a plus de point de destination.
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