Le rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites (COR) sera prochainement rendu public. Il s'agit de l'organisme chargé d'évaluer les perspectives financières du système de retraites français. L'état des lieux a été révélé par le mensuel Capital : 2020 sera, pour les finances de nos retraites, une année calamiteuse. Le déficit prévu est d'un peu plus de 23 milliards d'euros. L'essentiel étant porté par le régime de base, celui de la Sécurité sociale.
En cause, une chute de 5,1% des cotisations versées à cause de la diminution de l'emploi salarié et des reports et annulations de charges. Mesures consenties aux entreprises en difficulté en raison du confinement. Cependant, ces calculs ne prennent pas en compte le second confinement.
Les recettes sont en baisse alors que les dépenses, c'est-à-dire le versement des pensions, n'a diminué que de 0,1%. Mécaniquement, comme le PIB de 2020 va diminuer fortement, la part des retraites dans la richesse nationale française va passer de 13,6% en 2019 à un peu plus de 15% en 2020.
Selon les scénarios envisagés, il faudrait attendre 2040 à 2070 pour retrouver des comptes dans le vert. Notamment que la dernière réforme en cours, celle de Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales de François Hollande, entre en vigueur et porte ses fruits. Elle prévoit que tous les actifs nés à partir de 1973 verront leur durée de cotisations augmenter progressivement.
Dans son rapport, le COR en revient aux traditionnels trois leviers. D'abord la baisse des pensions. Politiquement explosive, elle devrait être de 3,2% si l'on veut retrouver l'équilibre en 2030. Ensuite, l'augmentation des cotisations. Toujours risquée, car elle renchérit le coût du travail, et détruit donc des emplois. Elle devrait être de 2,1 points pour résorber le déficit en 2030. Enfin, l'augmentation de la durée de la carrière. Elle réduit les dépenses du régime en retardant la date de la retraite, et augmente ses recettes en allongeant la période de cotisations. Pour obtenir le vert en 2030, il faudrait porter l'âge de la retraite à 64,2 ans.
Le gouvernement avait entrepris une réforme en ce sens, mais celle-ci a été interrompue par l'épidémie. Cependant, l'Élysée a la ferme intention de la remettre sur les rails. Il s'agirait même du seul champ qui subsiste pour réformer la dépense publique après l'épidémie. L'image d'un président réformateur ne peut pas tenir si Emmanuel Macron abandonne ce projet-symbole. Y compris dans son aspect le plus désagréable : l'allongement de la durée de la carrière. Il est également plus souhaitable d'avoir ce sujet derrière soi au moment de la prochaine campagne présidentielle, pour ne pas subir les reproches d'immobilisme.
Cela suppose que l'épidémie soit elle aussi derrière. Également que l'économie ait retrouvé son rythme de croisière et que les partenaires sociaux soient cette fois-ci associés et consentants, au moins pour une part d'entre eux. Le tout après un ratage total à la fin 2019, qui a braqué les esprits. Autrement dit, rien n'est fait pour le moment.