Il y a ceux qui voudraient qu'il parte, et ceux qui estiment qu'il doit continuer de vivre. Ce paysage en deux teintes dépeint le cas de Vincent Lambert, un homme de 42 ans, tétraplégique depuis un accident de voiture survenu en septembre 2008. Ces deux visions s'opposent à l'échelle familiale, mais aussi, dans une dimension beaucoup plus large, à l'échelle sociétale, où sont questionnés la justice et le corps médical.
En 2011, les médecins estiment que l'état végétatif de Vincent Lambert est sans espoir d'amélioration. Le 10 avril 2013, le CHU engage un protocole de fin de vie avec son épouse Rachel. Le patient, selon sa sœur Marie et son épouse, avait "clairement" indiqué avant son accident qu'il ne souhaitait pas d'acharnement thérapeutique. Seulement, comme beaucoup de Français, il n'avait laissé aucune consigne écrite.
S'ensuit une succession de décisions contradictoires. En mai 2013, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, saisi par les parents opposés à l'euthanasie passive, ordonne le rétablissement de l'alimentation. Début 2014, le CHU informe la famille qu'il va arrêter nutrition et hydratation artificielles, conformément à la loi Leonetti qui interdit l'acharnement thérapeutique. Mais deux jours plus tard, le tribunal, saisi par les parents, une sœur et un demi-frère, ordonne la poursuite du traitement, "ni inutile, ni disproportionnée". Rachel Lambert et le CHU en appellent au Conseil d'État.
Après une nouvelle expertise, qui confirme l'incurabilité et une "dégradation" de l'état général de Vincent Lambert, le Conseil d'État se prononce le 24 juin 2014 pour l'arrêt des soins. Saisie par les parents, la Cour européenne des droits de l'homme juge le 5 juin 2015 que cet arrêt ne viole pas le droit à la vie. Le 10 juillet, le CHU annonce une nouvelle procédure d'arrêt du traitement. Le 23, contre toute attente, les médecins refusent de se prononcer sur l'arrêt des soins, arguant que les conditions de "sérénité et de sécurité nécessaires" ne sont pas réunies. Ils demandent la nomination d'un représentant légal pour le patient.
Le 9 octobre, le tribunal administratif rejette la demande d'arrêt des soins réclamé par le neveu de Vincent Lambert. Les juges estiment que les médecins sont en droit, "en vertu de leur indépendance professionnelle et morale", de poursuivre les traitements malgré les décisions de justice précédentes.
Le 10 mars 2016, le juge des tutelles choisit Rachel Lambert comme tutrice. Les parents Lambert contestent vainement en appel et en cassation. La cour administrative d'appel de Nancy, saisie du jugement du 9 octobre 2015, décide en juin 2016 que les consultations d'experts pouvant mener à un arrêt des soins doivent reprendre. Les parents forment un nouveau recours auprès du Conseil d'État. Celui-ci juge en juillet 2017 qu'une suspension des consultations serait "illégale".
Le 11 janvier 2017, les parents de Vincent Lambert, qui réclament son transfert dans un établissement spécialisé, déclarent avoir porté plainte contre le CHU de Reims pour "délaissement de personne hors d'état de se protéger". Le 24 mars, la Cour d'appel de Reims les déboute. La Cour de cassation confirme que seule Rachel Lambert peut présenter cette demande.
Le CHU de Reims annonce le 27 septembre une nouvelle procédure pouvant mener à l'arrêt des soins. Les parents demandent au Conseil d'État la suspension de cette décision mais leur requête est rejetée le 31 janvier 2018. Le 9 avril, après cinq mois de consultations, le CHU de Reims se prononce de nouveau pour "l'arrêt des traitements".
Nous, les parents, on n'acceptera pas qu'on programme sa mort
Viviane Lambert sur RTL, jeudi 22 novembre 2018
Mais le 20, le tribunal administratif, saisi par les parents, ordonne une nouvelle expertise. Le 6 juin, une demande de récusation des experts déposée par les parents, une sœur et un demi-frère est rejetée. Le 14, les trois médecins-experts désignés se désistent, invoquant leur incapacité à résister aux "tentatives de manipulations et aux critiques".
Le 2 juillet le tribunal ordonne une nouvelle expertise. "L'état végétatif chronique" de Vincent Lambert est confirmé comme étant "irréversible", selon le rapport daté du 18 novembre obtenu par l'AFP. Mais les parents du patient ne veulent pas tenir compte de ces conclusions. "Je n'accepterai pas, mon mari non plus - nous, les parents, on n'acceptera pas qu'on programme sa mort", assure-t-elle, ce jeudi 22 novembre au micro de RTL.
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