Val-de-Marne : des élèves d'une classe de 4e n'ont pas de prof de français depuis septembre

Au collège Albert Cron situé au Kremlin-Bicêtre près de Paris, une classe de 4e n'a pas de prof de français depuis la rentrée de septembre. Cela représente 4h30 par semaine non remplacées, alors qu’en cette journée de grève unitaire, les syndicats enseignants dénoncent le manque de professeurs dans les établissements.  

En novembre dernier, certains parents d'élèves avaient déjà alerté sur la situation. "Je cherche sur internet, je donne des exercices d'orthographe, quelques lectures, mais je ne suis pas prof. Ça ne peut plus continuer", disait à l'époque Nour, maman d'élève. Depuis, rien n'a changé et l'inquiétude est de plus en plus grande pour les parents et les élèves. Sur le bulletin de Kamil, 13 ans, aucune mention du français. "Au début on s'amusait, on pensait que ça allait se régler. C'est vraiment compliqué, l'année prochaine c'est le brevet, on aura des lacunes", dit-il. 

Sa mère, dépitée, lui a demandé il y a quelques jours d'écrire un petit texte pour son cours de théâtre : "J'ai halluciné ! Le pauvre, l'année prochaine, comment ça va être ?". Cette maman en télétravail s'organise pour pallier le retard de son fils, elle récupère des livres à la médiathèque, donne quelques exercices trouvés dans des manuels, tout comme Nour. Cela reste superficiel, mais tous les élèves de la classe n'ont pas cette chance. "C'est une inégalité qui est flagrante. On donne les moyens au privé alors que le public lui-même est amputé par ces moyens-là", dit Nour.

Comment le rectorat explique-t-il cette situation ?

Pour rappel, les établissements privés sous contrat sont financés à 73% par l'État. Alors pour la rentrée prochaine, même s'il faut payer, ces deux mamans envisagent sérieusement de mettre leur fils dans le privé. De son côté, le rectorat de Créteil explique qu'il ne trouve pas de prof pour assurer ces 4h30 hebdomadaires. Le volume est trop petit pour un remplaçant contractuel, trop gros pour un titulaire déjà en poste. Alors, ces élèves de 4e rentrent chez eux plus tôt et c'est illégal rappelle Myriam Carré, prof d'histoire-géo dans le collège : "Le nombre d'heures hebdomadaires par élève, c'est quelque chose qui est fixé nationalement et qu'on est obligé de respecter".

Il faut que le métier paye mieux, voilà ce que souhaite Myriam, c'est pourquoi elle va manifester ce jeudi 1er février à Paris. Les derniers chiffres officiels nationaux remontent à 2020, année covid, où on comptait 15 millions d'heures non remplacées dans le secondaire (collège/lycée), c'est 8% du volume total d'heures assurées sur un an. Mais cette année, impossible d'avoir des données officielles. Malgré nos demandes répétées, le ministère refuse de transmettre des chiffres précis sur ces absences et la sortie d'Amélie Oudéa-Castéra sur "le paquet d'heures non remplacées dans le public", a encore plus verrouillé la communication.