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Une femme accouche sur le bord de la route car la maternité la plus proche a fermé

La maternité de Ganges, qui a suspendu son activité, ne dessert plus les Cévennes et le nord de l'Hérault. Une femme a accouché sur la route pour la maternité, à 50 km de son domicile, jeudi 10 août.

Les accouchements hors maternité sont rares (1 %), selon une étude de l'Insee publié en août 2017

Crédit : Unsplash/Aditya Romansa

Mathieu Terzaghi

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Habitante de Mandagout, dans le Gard, Audrey a accouché sur la route de la maternité, le 10 août 2023. Initialement, la mise au monde de son troisième enfant avec son compagnon, Maël, aurait dû se dérouler à la maternité de Ganges, située à moins d'une demi-heure de leur domicile.

Comme rapporté par France 3, la polyclinique Saint-Louis de Ganges avait fermé le 19 décembre 2022 en raison d'un manque de gynécologue obstétricien après trois départs à ce poste. La maternité la plus proche est désormais à 50 km de Mandagout, dans le nord de Montpellier

Alors qu'ils roulaient pour se rendre à l'établissement de santé, Audrey a perdu les eaux. Son compagnon a dû s'arrêter au bord de la route, à dix minutes de l'hôpital Arnaud de Villeneuve, pour accueillir avec sa partenaire la petite Zélia. La maman témoigne : "J'ai perdu les eaux sur la première poussée dans la voiture et les évènements se sont enchaînés : on sent que ça arrive, on s’imagine pouvoir retenir les forces de la nature, mais ce n’est pas possible ! Donc, on sent bien que ça va se passer là, sous notre propre responsabilité, et pas avec l’appui d’une équipe médicale", explique-t-elle.

Si tout s'est bien passé, Audrey avait surtout peur des suites de l'accouchement : "J’avais peur des déchirements et de tout ce qui peut arriver, qu’on ne maîtrise pas et qu’on ne connaît pas lors d'un accouchement". 

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Le père était remonté après cet évènement : "Soit je m’arrêtais pour attendre les pompiers, qui ne sont pas obstétriciens ou sages-femmes, pendant 25 minutes à 35 minutes et là, il aurait pu se passer plein de choses. Soit, on continue à rouler. J'ai choisi de foncer, mais la petite est arrivée. Elle est sortie facilement, je l'ai juste réceptionnée et on l’a séchée. Puis, on a tracé et on est arrivé à l'hôpital avec l'enfant qui allait très bien et qui était au sein. Mais il y a des fois où ça ne se passe pas comme ça, des accouchements qui sont plus difficiles que d’autres, et c’est quand même un gros danger !" alerte-t-il.

"Parce que, pour nous, ça s’est bien passé et quand on y repense, on est heureux, mais c’est vrai que cela reste un danger, un accouchement ! Et être accompagné par une équipe médicale dans ce cas-là, c’est le minimum des choses en France !"

Maël Jaffrennou, père de la petite Zélia

Le maire du village où habite le couple, Emmanuel Grieu, a réagi : "C’est ce qu’on craignait qui est arrivé avec cette fermeture brutale, annoncée en septembre 2022. On s'est tout de suite inquiété de la distance : pour les villages les plus éloignés dans nos territoires, c’est même deux heures de route pour rejoindre une maternité ! On met en jeu la vie des mamans et leurs enfants, ce n'est pas acceptable", s'exclame l'élu.

D'autant plus que le maire est attaché aux services publics : "Ici, on se démène pour notre territoire : il est en plein essor, on a des jeunes qui s'installent, on a encore notre école ! Nous, les élus ruraux, quand on voit à chaque fois qu’on nous met des bâtons dans les roues et qu'on nous ferme des services publics, ça nous met en colère !".

Didier Jaffre, directeur général ARS Occitanie, a une autre vision du problème : selon lui, le suivi de la grossesse est assuré à Ganges, mais pas l'accouchement. Il avance que seul "l'aspect technique" est pris en charge à Montpellier, et que la mère est au courant en amont qu'elle devra s'y rendre le jour J. "On mettrait véritablement en danger la maman si on l'envoyait à Ganges alors que personne ne peut la faire accoucher", insiste-t-il auprès de nos confrères. 

Pour remédier à ce type de situations, une nouvelle clinique est prévue d'ici à 2025 pour remplacer celle de Ganges, avec un investissement public de 11 millions d'euros. Cet épisode témoigne des difficultés que rencontrent les maternités en France. Elles répondaient au nombre de 816 unités en 1995 contre 478 en 2020, ce qui représente une baisse de 42% du total, selon un texte législatif du Sénat

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