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Coquillages retrouvésCollection de référence de Littorina obtusata récoltée dans la thanatocénose le 08/10/2016
Crédit : S.Rigaud
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En Charente-Maritime, des scientifiques ont mis au jour le plus ancien atelier de fabrication de parures en coquillage d'Europe de l'Ouest. Ce lieu, situé dans le sud-ouest de la France, était occupé, il y a 42.000 ans, par des artisans dont l'identité reste mystérieuse.
Comme le relate le communiqué de presse du CNRS, publié le 23 septembre 2025, les recherches ont été réalisées entre 2018 et 2020. Des paléoanthropologues ont minutieusement fouillé une zone de 3 m² sur 15 centimètres d'épaisseur sur le site de La Roche-Pierrot à Saint-Césaire.
Un "travail de fourmi", qui a permis de découvrir quelque 200 fragments de littorines, objet d'une récente publication dans Proceedings of the National Academy of Sciences. Cet écrit a été signé par des scientifiques du CNRS, de l'université de Bordeaux, du ministère de la Culture et de l'Université de Toulouse.
Les coquillages qui ont été retrouvés, semblables à des bigorneaux, mesurent à peine un centimètre. D'après Isabelle Crevecoeur, coautrice de l'étude, ils sont "assez colorés à l'état naturel, avec des tons qui vont du brun au jaune-rouge". Comme elle l'a expliqué à l'AFP, les coquillages ont "a priori été sélectionnés" pour leurs coloris.
Une trentaine portent des traces de perforation faites par l'homme, sans doute à l'aide d'un objet en pierre, à "un endroit bien précis". "Les trous ne portent pas de traces d'usure" et "d'autres littorines, plus petites, ne sont pas percées", a poursuivi la directrice de recherche au CNRS.
À proximité, les chercheurs ont retrouvé plus d'une centaine de fragments de pigments rouges et jaunes, cassés "peut-être dans le but de les broyer et de préparer un mélange qui permettait de faire de la coloration", a-t-elle supposé. À l'époque, le rivage atlantique où les coquillages ont été récoltés se trouvait à cent kilomètres de là. Les pigments, eux, ont été extraits à une quarantaine de kilomètres, au minimum, autour du site de fouilles.
D'après Isabelle Crevecoeur, "on peut imaginer un groupe d'individus qui s'arrête à La Roche-à-Pierrot pour rafistoler quelque chose", par exemple un "vêtement coloré et paré de coquillages", et qui "laisse sur place ce qu'il n'utilise pas".
Daté de 42.000 ans, le site est le plus ancien de ce type découvert en Europe de l'Ouest. Il appartient au Châtelperronien, une culture du Paléolithique supérieur retrouvée en France et dans le nord de l'Espagne, dont l'identité des représentants, Néandertal ou Homo sapiens, fait débat.
Entre 55 et 42.000 ans avant notre ère, l'Europe a connu une profonde transformation. Les derniers Néandertaliens ont été remplacés progressivement par des groupes d'Homo sapiens venus d'Afrique via le Moyen-Orient. Lors de cette période de transition, "de nouvelles industries, des techniques de fabrication d'outils, qui tranchent avec ce que fait Néandertal", sont apparues, explique la paléoanthropologue. Cependant, "ce n'est pas encore le monde complètement sapiens" avec une "manière encore différente de tailler les outils en lames, en lamelles".
En Europe du Nord et de l'Est, des restes humains ont pu être associés à certaines de ces cultures de transition, permettant de les attribuer à Homo sapiens.
Jusqu'à présent, les sites associés clairement à Néandertal ne présentent pas de perles en coquillage
Isabelle Crevecoeur, directrice de recherche au CNRS
L'explosion de l'expression symbolique à cette période, marquée par notamment des pratiques d'ornementation, est généralement associée à Homo sapiens. Seules des fouilles menées en Europe du Sud-Est et autour de la Méditerranée ont livré ce type de parures en coquillages. "Jusqu'à présent, les sites associés clairement à Néandertal ne présentent pas de perles en coquillage", a rappelé Isabelle Crevecoeur.
Les auteurs de l'étude ne tranchent pas sur l'identité des artisans de La-Roche-à-Pierrot, avançant deux hypothèses. Si ce sont des Néandertaliens, "la rupture culturelle est tellement forte, à la fois dans la manière de faire les outils et dans l'expression symbolique qu'on ne peut pas imaginer que ça se soit fait tout seul" mais sans doute au contact d'Homo sapiens, a expliqué la directrice.
Si, au contraire, les parures sont l'œuvre d'Homo sapiens, cela signifierait qu'un groupe pionnier de nos ancêtres aurait déjà été présent en Europe de l'Ouest il y a 42.000 ans.
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