Une chute XXL. Le réseau de bus parisien, l'un des plus gros de France, est de moins en moins prisé des Franciliens. Entre 2019 et 2024, le trafic des 350 lignes de Paris et de la proche banlieue a chuté de 19%. Un chiffre qui monte à 29% dans Paris intra-muros. En cause, leur vitesse. Ou plutôt leur lenteur.
La vitesse commerciale des bus parisiens n'a cessé de chuter depuis dix ans, suivant la courbe de la baisse de la fréquentation. Elle est aujourd'hui, en moyenne, de 14 km/h sur l'ensemble du réseau, mais descend à 11 km/h dans Paris et 9 km/h en heure de pointe. La vitesse, c'est le talon d'Achille du bus. Le constat est même fait par le patron de la RATP, Jean Castex, qui avoue que "les bus roulent moins vite en 2025 qu’en 1925".
Pourtant, des investissements ont eu lieu dans le réseau de bus. Un grand plan a même été lancé, en grande pompe, le samedi 20 avril 2019, avec "le Grand Paris des bus" ou la plus vaste réorganisation du réseau parisien depuis 70 ans. La région Île-de-France promettait à l'époque "42 lignes renforcées, cinq nouvelles lignes, une augmentation de 15 % du nombre de kilomètres desservis". Des aménagements de voirie avaient même été entrepris par la mairie de Paris. Six ans plus tard, la chute n'a pas été enrayée et, pire, n'a cessé de continuer.
Plusieurs causes à cette chute sont à noter. La première, c'est la congestion du trafic routier qui ralentit le bus, notamment dans les plus grands carrefours de la capitale, mal aménagés pour le partage de la route. C'est d'autant plus vrai pour les lignes les plus longues du réseau, les transversales dans Paris, notamment la ligne 21 (Porte de St-Ouen > Stade Charléty), la ligne 38 (Porte de la Chapelle > Porte d'Orléans) ou la ligne 62 (Porte de St-Cloud > Porte de France).
Il faut y ajouter des travaux de voirie, importants à Paris ces dernières années. C'est d'ailleurs la principale cause avancée par la direction de la RATP. Des stationnements illégaux de voitures devant des arrêts de bus ou sur les couloirs dédiés, provoquent également des problèmes pour la gestion des arrêts. Plus il y a d'embouteillages, plus le temps de trajet est long pour les personnes à l'intérieur du bus, plus le temps d'attente est important pour les personnes qui patientent sous l'abribus.
Autre problème : la crise de recrutement des conducteurs de bus cause également du problème de régularité des bus. À l'automne 2022, heure du retour à la normale dans les transports après la crise du Covid-19, 25% du trafic n'avait pas pu être assuré et 1.000 bus quotidiens ne quittaient pas les dépôts. Au total, il manquait 800 conducteurs à la RATP. Si la situation s'est améliorée depuis, la régie parisienne recrute toujours des conducteurs.
De plus, les voies de bus, solution idéale pour la circulation, sont désormais concurrencées par les pistes cyclables. Jean Castex avait évoqué le sujet lorsqu'il a évoqué la lenteur des bus. Les associations d'usagers, à l'instar de "Plus de trains", trouvent "dommage d'opposer les deux moyens de transport les plus écologiques qu'on ait à notre disposition." Si le kilométrage de couloirs de bus a continué à progresser ces dernières années, passant de 175,7 km en 2020 à 197 km en 2023, cette progression a ralenti.
L'exemple le plus parlant étant celui de la rue de Rivoli : après Covid, une piste cyclable à double sens a supplanté le couloir RATP, reléguant les bus dans la circulation générale, même si réduite aux taxis, véhicules d'urgence et riverains. Reste que l'exemple fait tache et que les ralentissements sont importants en heure de pointe et le week-end, des bus étant parfois déviés pour éviter de trop grands désagréments sur les lignes.
Le manque de ligne de bus à haut niveau de service dans Paris même, à l'instar du TEOR à Rouen, du Busway à Nantes ou du Hélyce à Saint-Nazaire, avec une voie réservée sur la majorité du parcours, une priorité aux feux pour le bus, un cadencement précis et une amplitude horaire forte, pénalise également les bus parisiens. En cause, l'architecture même de la ville avec beaucoup de petites rues difficilement aménageables. La piétonisation sans prise en compte du réseau bus pénalise également le réseau, des rues étant interdites à la circulation, créant des détours pour les usagers.
Les associations d'usagers s'alarment de cette situation. La FNAUT déplore un service "de moins en moins attractif (...) une situation d’autant plus regrettable que des sommes importantes ont été consacrées à ce réseau." Elle demande également un bilan et un retour d'expérience après le "Grand Paris des Bus". De son côté, "Plus de Trains" appelle les automobilistes à mieux respecter le code de la route en Île-de-France et déplore également le manque de propreté des bus, appelant "au civisme" les utilisateurs.
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