Sortilèges, lignes de la main, tarot : les sorcières modernes ont investi les réseaux sociaux

De plus en plus de jeunes femmes qui se revendiquent comme sorcières lisent les lignes de la main ou jettent des sorts sur les réseaux sociaux. Un véritable phénomène qui n'a vraiment rien de drôle. Leurs vidéos, qui plaisent aux jeunes générations, cumulent des dizaines de millions de vues en France et des milliards même dans le monde.

Pas de nez crochu ni de grand chapeau noir sur la tête, mais plutôt des sorcières finement maquillées au style bohème et fleuri qui cherchent à dépoussiérer l'image clichée qu'on se fait d'une sorcière. Sur les réseaux sociaux, elles invoquent des divinités, fabriquent leurs propres potions magiques et puis partagent même des tutoriels à leurs abonnés.

Flora, une jeune maman et sorcière de 34 ans, s'est lancée sur les réseaux sociaux en 2020. Elle a publié alors son premier rituel : "Prendre une feuille de laurier, noter le sujet qui peut être préoccupant et on le glisse sous laurier. Ça a plu parce que c'est simple. Tu peux avoir des réponses à travers tes rêves, mais aussi le lendemain dans ta réalité", explique la jeune femme. 

 "Je ne réalise pas des sorts tous les jours. Je ne sors pas avec ma cape chercher mon thym dans mon jardin. Cela dit, c'est vrai, ma maison, elle a plein de petites choses. Des chaudrons, des gris-gris aux fenêtres, cette fiole cachée par-ci, par-là. Il y a plein de petites choses qui sont vraiment typiques de la sorcière", reconnaît la maman. 

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Depuis, la sorcière 2.0 a quitté son emploi, ouvert sa boutique en ligne et publié un livre, son propre grimoire. On y apprend à lire les lignes de la main, le pouvoir des pierres ou encore comment protéger sa maison grâce à l'énergie des plantes.

Un phénomène anglo-saxon

Ce phénomène mondial de sorcière 2.0 sur les réseaux sociaux vient surtout des pays anglo-saxons où des centaines de comptes de sorcières cumulent plus de 20 milliards de vues. En France, c'est plus récent, il n'y a que quelques dizaines de femmes connues qui produisent ce type de vidéos. 

Depuis la crise sanitaire, de plus en plus de Français se tournent vers de nouvelles formes de spiritualité. Selon l'IFOP, 59% des Français croient en la sorcellerie, en particulier les jeunes. Des groupes Facebook se sont créés, ils rassemblent plusieurs milliers de passionnés, ils se partagent leur sortilège de chance, d'amour et se rassemblent parfois aussi à l'occasion de festivals. 

Une tendance qui attire les arnaqueurs

Des arnaques qui se sont également développées par effet d'aubaine. Les comptes de sorcières se sont multipliés et certaines proposent des tirages de cartes en ligne, des rituels de chance ou d'amour complètement faux et parfois à plusieurs centaines d'euros. Sophia en a été la victime, celle qui l'a escroqué propose encore ses services sur TikTok. 

"Elle avait un site internet et j'ai vu qu'elle faisait un sort de chance à 5 euros et elle me dit finalement en fait son sort n'est pas à 5 euros, mais à 350 euros. Je me suis dit bon peut-être que oui, elle a vraiment des pouvoirs et je lui ai fait plusieurs chèques. Quand j'essaye de retrouver sa page internet, qu'est-ce que je vois ? Elle est supprimée", témoigne Sophia. La jeune femme a depuis porté plainte contre cette sorcière. 

Les mineurs très vulnérables sur les réseaux sociaux

Les mineurs qui sont particulièrement vulnérables à ces contenus. C'est d'ailleurs en partie pour cette raison qu'Angélique, l'une de ces sorcières modernes, a décidé de se retirer de la plateforme TikTok.

"Des parents étaient tombés sur mes vidéos en disant, 'mais vous ne vous rendez pas compte de ce que ça peut faire pour les adolescents, ça peut les déstabiliser', c'est vrai que je ne m'étais pas posé cette question-là. Et puis c'est vrai qu'il y a énormément d'ados qui sont en demande, mais c'est un truc de fou. Je recevais beaucoup de messages de la part d'adolescents", raconte-t-elle.

"J'ai répondu à certains, mais à chaque fois en disant : 'réfère-toi à un adulte' ou 'réfère-toi à tes parents'". Angélique se concentre donc désormais sur Instagram, où le public est plus averti, plus âgé. Contacté par RTL, le JEMPI, Association contre les dérives sectaires, affirme suivre de près ces nouveaux phénomènes et vouloir sensibiliser les parents.