Seine-et-Marne : le combat d'un maire contre la baisse de la natalité dans son village

En France, la natalité est toujours en baisse. Selon les chiffres de l'INSEE tombés hier, il y a eu 663.000 naissances l'an dernier et c'est le chiffre le plus bas depuis 1946. Alors dans certaines communes, on fait tout pour essayer d'inverser la tendance, comme dans le village de Bellot, en Seine-et-Marne qui regroupe 790 habitants et de moins en moins d'enfants. Cette baisse des naissances a déjà des effets très concrets sur le village.

En 2022, le maire Frédéric Morel a pris un arrêté pour le moins surprenant. Il incitait les habitants à faire des enfants pour empêcher la fermeture d'une classe de l'école municipale. Une mesure humoristique pas vraiment suivie d'effets. Dans son bureau, au milieu de tous ces papiers et pense-bêtes, le dossier école est tout en haut de la pile.

"L'année prochaine, on aura sans doute une fermeture de classe parce qu'on a 10 enfants de moins tous les ans. La natalité baisse et c'est catastrophique. Je discutais avec un jeune qui a 27 ans, il était avec sa compagne. Pour eux, la vie est trop insécuritaire aujourd'hui. Ils ont peur de perdre leur travail. L'enfant n'est vraiment pas au cœur du couple", déplore-t-il.

Suppression d'une classe

Supprimer une classe, signifie tout réorganiser. Aujourd'hui, il y a quatre classes qui regroupent à chaque fois deux niveaux. Dès l'an prochain, une classe pourrait rassembler trois niveaux, par exemple du CP au CE2. À la sortie de l'école, cette potentielle fermeture inquiète. 

"On le voit encore, il y a mairie marquée sous école. À l'époque, c'était l'inverse, il fallait des classes supplémentaires et elles avaient repris l'espace mairie", raconte le maire Frédérick Morel.

"Trois niveaux, ce n'est pas possible parce que leur professeur n'a pas le temps de s'occuper d'autant d'élèves et de niveaux différents. Ce n'est pas normal, on met de côté réellement l'éducation de nos enfants", déclare Vanessa, accompagnée de ses deux filles Zoa et Léna. 

La menace d'une fermeture complète

L'autre option : fermer l'école et envoyer les 78 élèves dans la commune d'à côté, à deux kilomètres, avec un établissement plus grand et une classe par niveau. Mais ce n'est pas si simple. Dans le garage de la commune, le gérant Christophe Marion, arrivé ici en 2021 avec son fils de quatre ans redoute cette fermeture. 

"Ma femme est au bureau donc elle ne pourrait pas prendre son poste en temps et en heure et pour l'ouverture du garage ce serait le bazar", confie-t-il. De quoi remettre en question son installation dans le village. La commune perdrait alors des habitants. Un cercle vicieux redouté par le maire. Car moins d'habitants aurait automatiquement des répercussions sur la vie du village et surtout sur les commerces.

Florence tient l'épicerie du village depuis huit ans. Pour elle, moins d'élèves à l'école, c'est moins de fréquentations."Ça peut changer quand même pas mal de choses, parce que j'ai quand même pas mal de monde de l'école qui viennent chercher le pain, les gâteaux, les enfants, les bonbons, évidemment".

Attirer de nouveaux habitants

Il y a aussi des conséquences humaines. Juste à côté, dans le bar tabac, Eric, retraité de 63 ans, est également inquiet. "Dans tous les villages, une école, c'est un symbole. Une école, une église, même un petit troquet. Sinon, après, on n'a plus rien. Après, on devient des étrangers. Donc maintenant, il nous faut des familles qui arrivent avec des gosses. On n'a pas le choix", assure-t-il. 

Attirer de nouveaux habitants pour éviter que Bellot devienne un village fantôme. C'est la mission du maire Frédéric Morel. La clé, construire de nouveaux logements. Problème, quasiment tous les terrains constructibles sont déjà occupés. Le casse-tête semble insoluble.

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