Il s'appelait Samuel Paty, il avait 47 ans. Ce professeur de Conflans-Sainte-Honorine a été assassiné pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression. Cet attentat islamiste a choqué et bouleversé la France. Un hommage national lui sera rendu ce soir à la Sorbonne.
Tous ses proches sont unanimes, ils dressent le portrait d'un homme de passion et de dialogue. Samuel Paty, c'est d'abord cette photo, en noir et blanc, relayée sur les réseaux sociaux et brandie sur les pancartes d'hommage. Derrière des lunettes de soleil, son regard fixe, au loin, l'horizon. Sur ce cliché de jeunesse, Samuel Paty n'est pas encore enseignant. Il est âgé d'une vingtaine d'années et fait ses études à Lyon.
Très proches, Fabrice était l'un de ses camarades. Ils étaient ensemble, en classe préparatoire aux grandes écoles. "Samuel, c'est une image en fait d'un grand brun, très mince, toujours ce sourire comme un flegme britannique. Il faisait partie des élèves les plus ouverts et les plus engagés. C'était un garçon de débat."
Ce fils d'un couple d'instituteurs, originaire de la région lyonnaise, a un parcours déjà tout tracé : l'université, puis une formation de professeur. Son Capes d'histoire-géographie en poche, Samuel Paty, atterrit, avec sa copine de l'époque, comme beaucoup de jeunes enseignants, en région parisienne. Véronique, une amie, se rappelle très bien de cette période. "Dans les conversations que l'on avait entre amis, c'était une passion, il travaillait beaucoup. Quand il partait en vacances, il allait en Italie car ça lui permettait de voir ce qu'il allait faire en cours."
C'est l'enseignant qui m'a montré la voie"
Mickaël, lycéen de seconde à Meaux en 2001.
Le professeur enseignera dans plusieurs établissements de Seine-et-Marne : Torcy, Meaux, Champagne-sur-Seine, et plus récemment, dans les Yvelines, au collège de Conflans-Sainte-Honorine. Il y a un an, il s'installe, à quelques minutes à pied, dans un immeuble d'un quartier résidentiel. Samuel Paty vivait seul et était père d'un petit garçon de 5 ans. Investi dans la vie associative, apprécié, il jouait régulièrement au tennis dans le club local.
Mais de Samuel Paty, ce sont les élèves qui en parlent le mieux. Ils se souviennent d'un professionnel exemplaire... Il a marqué des générations de collégiens et de lycéens. Ils décrivent un professeur atypique, investi dans son travail, discret, tout en étant proche de ses élèves. En 2001, Mickaël est lycéen de seconde à Meaux. Il n'a jamais oublié "Monsieur Paty", ses jeans, sa chemisette rose à manches courtes, son écriture en pattes de mouche et ses cours sur la Révolution française. Mais surtout des débats, lancés lors des cours d'éducation civique. "Il nous invitait, il faisait en sorte qu'on n'ait pas un avis tranché. Il ne s'agissait pas de répéter mais on devait préparer des arguments.