Salon de l'agriculture 2025 : géobiologie, biodynamie... Ces pseudosciences présentées comme des solutions écologiques

Bon nombre de pratiques ésotériques s'immiscent dans la formation des agriculteurs et peuvent paraître plus ou moins déroutantes.

Prenez l'exemple de "La Galerie du ver de terre". Il s'agit d'une plateforme de formation qui propose entre autres d’acquérir une "vue holistique" sur sa ferme, mettre en évidence les interactions qui existent entre les "rayonnements cosmiques et les plantes, les animaux ou les hommes", tout ça en 11h. 

Un autre organisme se focalise sur les "courants vagabonds" et les "zones pathogènes électromagnétiques". L'un d'eux, encore, forme les paysans à la reconnaissance des "taux vibratoires" en précisant que cela conduit directement à des crédits d’impôts. 

Tout ça relève de la géobiologie, une pseudoscience prétendant notamment que des "courants énergétiques indétectables" tuent les vaches.

Une façon de profiter de la lutte contre le changement climatique

Toutes ces formations sont pourtant labellisées et financées par des fonds publics. C’est ce que révèle L’Express qui a mené l’enquête en épluchant des dizaines de documents émanant des chambres d’agriculture ou des centres de formation agréés.

À l’origine de cet engouement, il y a une bonne cause : la lutte contre le changement climatique. L’agriculture est le deuxième émetteur de gaz à effet de serre en France. Pour limiter la casse, il faut changer certaines habitudes. Cela passe par des formations qui sont une aubaine inespérée pour les "sourciers", les "dynamiseurs" et tous les experts auto-proclamés de l’agroécologie. 

Mélanger "corps astral" et agriculture dans la viticulture

Un autre pratique, la biodynamie, est actuellement très populaire, surtout dans le domaine de la viticulture. Elle se présente comme une approche scientifique, l'Ademe, l'agence environnementale reconnue, classe les labels Demeter et Biodyvin, recourant à cet enseignement parmi les "très bon".

Cependant, ces labels intègrent des notions telles que le "corps éthérique" et le "corps astral", qui font référence aux chakras et au troisième œil. En raison de ces éléments, la biodynamie est sous la surveillance de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

Une vigilance de l'État sur la validité de ces pratiques agricoles

Officiellement, l'État ne soutient pas ces pratiques. La ministre de l'Agriculture l'a affirmé en novembre à l'Assemblée nationale. Les fonds de formation, comme Vivea, subventionné par l'État, l'Europe et les régions, assurent être vigilants. 

Vivea a commandé un audit sur les séminaires de géobiologie sur 100 agriculteurs interrogés, 99% recommanderaient la formation. Un autre organisme de biodynamie souligne que cela représente seulement 0,006% des montants engagés. L'Ademe évalue les labels sur leur "impact environnemental", pas sur les aspects "spirituels ou philosophiques". Suite à l'enquête de L'Express, le ministère de l'Agriculture et l'Ademe ont commencé s'intéresser au phénomène. 

Le côté ésotérique des formations, comme la biodynamie, est souvent masqué par des termes comme "techniques traditionnelles pour régénérer les écosystèmes", sans mentionner de rites astrologiques ou spirituels.

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