Retraité et père : grandir avec un papa "vieux" est-il sans conséquence ?
Après l'annonce de la paternité de Robert de Niro à 79 ans, Aurélie Callet, psychologue clinicienne et fondatrice du cabinet Kids and Family, décrypte les conséquences concrètes induites sur l'enfant par cette paternité tardive.
Lorsqu'un homme devient papa tardivement, la première question que l'on se pose c'est "à quel âge, potentiellement, cet enfant va être orphelin". Ainsi, tout le monde a fait le calcul aujourd'hui : quand le fils de Robert de Niro aura 15 ans, son père en aura 94, s'il est encore en vie... "De fait, on peut avoir un peu de peine et d'empathie pour cet enfant, ou, de premier abord, se dire que c'est un peu égoïste par rapport à l'enfant, qui va être orphelin très jeune", analyse Aurélie Callet, psychologue clinicienne et fondatrice du cabinet "Kids and Family".
En réalité, poursuit-elle, "les enfants, de la naissance à leurs trois ans, ne vont pas du tout avoir conscience de cela et ils n'auront donc aucun problème avec l'âge de leur papa. Au contraire, ils vont même plutôt être heureux d'avoir un papa très présent, un peu 'papa poule' et hyper impliqué puisqu'il sera à la retraite", explique Aurélie Callet.
"C'est ton papi ?"
Toutefois, là où la situation pourra être plus compliquée pour l'enfant, c'est au moment de la rentrée à l'école. "À ce moment-là, il va être confronté au regard des copains et au fait que tout le monde va lui demander s'il s'agit de son papi, souligne la psychologue. C'est là qu'il va se rendre compte qu'il y a quelque chose." D'où l'importance de bien le préparer et lui expliquer les choses puisque "ça reste une différence" et que les remarques peuvent être "violentes".
Surtout qu'au-delà du regard des autres, la paternité tardive ne pose pas fondamentalement de problème aux enfants. "Au contraire, précise Aurélie Callet. Les enfants sont globalement beaucoup plus tolérants et moins dans le jugement que les adultes. Pour lui, même s'il est un vieux, ça reste son papa et ce n'est pas un sujet."
Quant au sujet de la mort potentiellement "précoce" de leur papa, les enfants peuvent, là-aussi, l'anticiper, comme l'explique la fondatrice du cabinet "Kids and Family". "En général, quand on parle de la mort aux petits, on leur dit que cela arrive quand on est très vieux et forcément, ils vont associer l'âge avancé de leur papa avec la possibilité qu'il meurt plus tôt", décrypte-t-elle. C'est, de fait, un autre sujet à aborder avec son enfant.
Deux générations d'écart
"Ce qui est plus compliqué, c'est sûrement la période de l'adolescence, poursuit Aurélie Callet. Déjà qu'en ayant une génération d'écart, c'est parfois compliqué, mais alors avec deux générations de différence, il n'est pas toujours évident de se comprendre."
La psychologue se veut toutefois rassurante. "Généralement, ces papas s'investissent énormément et leur enfant les aide à se maintenir en forme. Ils ont une forme de pression à se maintenir et surtout, à profiter de leurs enfants, explique-t-elle. D'ailleurs, cela donne généralement des relations très fusionnelles. L'échéance à venir donne plus envie de s'investir dans sa paternité."
