"Real Estate Porn" : quelle est cette fascination grandissante pour les annonces immobilières ?

Le "Real Estate Porn" émerge. Une forme d'addiction aux annonces immobilières, alimentée par les médias, les réseaux sociaux et les émissions télévisées dédiées à l'immobilier. Après tout, qui n'a jamais été tenté par l'achat d'un nouveau bien immobilier après avoir regardé l'émission de Stéphane Plaza Recherche appartement ou maison diffusée sur M6 ?

Cette tendance addictive, mise en lumière dans un article par Le Figaro, ce dimanche 28 janvier, expose une réalité où certains individus éprouvent un plaisir particulier à parcourir des biens, parfois au-delà de leurs capacités financières. 

Divers profils d'acheteurs s'illustrent dans cette pratique et sont souvent connus des agences immobilières. Du mythomane cherchant à s'illusionner en visitant des propriétés inaccessibles à celui imaginant sa vie dans un cadre spécifique, les comportements varient. Certains vivent une sorte de "lèche-vitrine immobilier", scrutant les annonces comme on flâne devant les boutiques. 

L'influence des médias et des réseaux sociaux

Les médias, à l'instar de l'émission de Stéphane Plaza et des séries immobilières sur Netflix telle que L'Agence, contribuent à cet engouement. Les images, les shootings organisés comme des mises en scène hollywoodiennes, et les réseaux sociaux jouent aussi un rôle amplificateur, suscitant l'enthousiasme visuel des spectateurs. 

À lire aussi

conso pratique

Taxe sur les ordures ménagères : est-ce au locataire de la payer ?

Les témoignages recueillis dans le journal de nos confrères du Figaro, révèlent une dimension émotionnelle dans cette pratique. Entre fantasme et réalité, le "Real Estate Porn" peut engendrer un mélange de honte et de tristesse chez certains individus. L'utilisation intensive des smartphones, avec 93% des appels déclenchés par des photos, crée un cercle vicieux d'engouement constant. 

Ces rêves immobiliers peuvent entraîner une obsession pour des biens souvent inaccessibles. Junot, une agence parisienne de luxe, en fait le constat et indique que sur 250.000 visites annuelles sur son portail internet, seulement 0,16% de ventes sont conclues. Cela souligne le fossé entre les fantasmes et la réalité des transactions.

Adaptation des professionnels de l'immobilier

Cette tendance pousse les professionnels de l'immobilier à ajuster leurs stratégies face à une génération d'acheteurs effectuant majoritairement ses recherches en ligne. Interrogé par Le Figaro, Claude Olivier Bonnet, fondateur et dirigeant de l'agence La rose des ventes et de l'application Estimia, souligne que la proactivité dans le défilement des annonces accroît la sollicitation, créant ainsi un effet boucle. 

Faire défiler des annonces procure un plaisir comparable à celui qu'on a à regarder des vidéos de petits chats mignons. Or, la loi des algorithmes fait que plus vous êtes proactif, plus vous êtes sollicité.

Claude Olivier Bonnet, pour Le Figaro.

Selon le journal, un homme adepte de ces pratiques compare même cette forme d'addiction à «la dépendance aux films pornographiques» ; «Il y a un côté obscène à rester les yeux rivés sur son ordinateur et à faire défiler des photos de biens immobiliers», explique-t-il. Les différents témoignages recueillis décrivent une expérience à la fois exaltante et déprimante. Certains ressentent un mélange de honte et de tristesses face à des rêves inatteignables.

L'Obs s'est penché sur le sujet dans un article publié le 16 janvier 2021. Par exemple, Sophie est la propriétaire de logements de plus en plus grands, mais "n'en a jamais assez" à son goût. "D'après mes proches, ça vire au TOC !", confie-t-elle. "Le matin, je pars acheter du pain, je reviens deux heures plus tard, après avoir religieusement comparé les prix et observé les nouveautés de chaque agence. Je peux faire ça tous les jours". Elle s'autorise même quelques visites, y compris dans des villas avec piscine loin de tout, alors qu'elle "n'a pas les moyens ni le permis de conduire". Sa réputation la précède : "Quand les agents immobiliers de mon quartier me voient pousser leur porte, ils soupirent : "Oh non, pas elle !".