Racisme et antisémitisme : la Licra inquiète du "discours anti-étranger" en hausse depuis le 9 juin

L'hypothèse d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale pour le Rassemblement national semble de plus en plus probable, à trois jours du premier tour des élections législatives. Selon notre dernier sondage Toluna Harris Interactive pour RTL et M6, le RN serait en capacité d'obtenir entre 250 et 305 sièges à la chambre basse du Parlement, la majorité absolue étant fixée à 289. Une dynamique qui semble décomplexer la parole sur les étrangers. Car depuis le 9 juin dernier, soir du résultat des élections européennes remportées par le RN, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a enregistré une hausse des signalements de 38%.

"Nous sommes très inquiets, ce discours anti-étrangers devient vraiment banal", déplore Tina Théallet, la responsable des affaires publiques et juridiques de la Licra, jointe par téléphone. "Des victimes me rapportent des propos, (qui reprennent) l'idée selon laquelle les étrangers vont désormais devoir quitter la France, on les somme de prendre l'avion, de rentrer chez eux", détaille-t-elle. Et d'évoquer également "des vidéos, des hymnes racistes qui pullulent sur les réseaux sociaux". "Ce racisme-là existait avant, mais le climat fait que la parole devient décomplexée", ajoute Tina Théallet, qui craint un "déchaînement" de violence, passant de la parole aux actes, si l'extrême droite arrivait au pouvoir le 7 juillet.

Parmi les propos relevés, certains sont d'une rare violence, comme "Bardella au pouvoir, les arabes à l’abattoir !". La Licra vient également d'émettre un signalement pour dénoncer la chanson Je partira pas, reprise en boucle par l'extrême droite sur les réseaux sociaux. Selon la Ligue, les paroles relèvent de l'"’injure publique à caractère racial et de provocation publique à la haine à caractère racial", des chefs passibles d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende, rappelle la Licra.