Pénurie de psychotropes : "Sans ces traitements, les patients sont en danger", alerte un médecin

Cela fait des mois que certains médicaments psychiatriques sont introuvables ou presque dans les pharmacies françaises. Cette rupture de stock, observée depuis janvier 2025, concerne une quinzaine de traitements pour soigner les troubles anxieux ou les dépressions, mais aussi la bipolarité ou la schizophrénie depuis janvier.

Les raisons de cette situation sont multiples. Tout d'abord, les principes actifs fabriqués en Asie et vendus aux plus offrants ne sont pas forcément français, car dans le pays, les prix sont encadrés par la Sécurité sociale. En conséquence, certaines familles sont désemparées. 

C'est le cas d'Alice, sa fille de neuf ans est atteinte d'une forme sévère de TDAH, un trouble de l'attention. Tous les mois, pour obtenir son médicament, elle sillonne une trentaine de pharmacies.

Des "crises d'angoisse" et des "tocs" comme conséquences de cette pénurie

Faute de boîtes en stock, on lui a proposé des traitements alternatifs, mais sa fille ne les tolère pas. "Les deux fois où elle a eu des génériques, elle a fait des crises d'angoisse énormes" explique la mère de famille. Pire encore, "elle a développé des tocs qu'elle n'avait pas, maintenant, ma fille se lave les mains, je pense, en moyenne 50 fois par jour", détaille Alice. 

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Elle ajoute que son enfant a les mains "dans un état déplorable, elle a des cloques", cette dernière effectuant ce geste de façon répétée "pour calmer son stress".

Une augmentation des "idées suicidaires et des "passages à l'acte"

Des patients jusque-là stabilisés dont l'état se détériore faute de traitements, le Dr. Sarah Smadja en voit tous les jours. "On commence à voir l'effet de cette pénurie, avec des symptômes inquiétants, notamment des idées suicidaires, voire des passages à l'acte suicidaire", explique cette cheffe de service en psychiatrie du Centre Hospitalier Sainte‐Anne de Paris. Celle-ci ajoute que "malheureusement, sans ces traitements, les patients sont en danger".

Selon les représentants des pharmaciens, les trois quarts des officines du pays connaissent ces ruptures de stock. Pour pallier cette urgence, les médecins sont incités à prescrire ces traitements le moins possible. Les grossistes ont même l'interdiction d'exporter et les pharmaciens doivent désormais délivrer des comprimés à l'unité. Néanmoins, pour sortir durablement de ces pénuries, l'idéal serait de relocaliser la production en Europe, ce qui pourrait prendre des années.