Face aux difficultés de recrutement de professeurs, la Cour des Comptes préconise des mesures d'urgence : proposer, sur les postes vacants, des contrats de 3 à 5 ans à des candidats recrutés à BAC+5, et dans les académies spécifiques de Versailles et Créteil, les plus en difficultés, donner la possibilité aux recteurs d'accorder des primes, des facilités de logements, des possibilités d'avancement de carrière pour rendre des postes ciblés plus attractifs.
Les Sages de la rue Cambon préconisent également de revoir la formation des professeurs des écoles jusqu'au concours pour garantir des recrutements futurs plus nombreux et de qualité.
Pap Ndiaye, le ministre de l'Education nationale avait promis à la rentrée dernière : un prof devant chaque classe. Mais des parents d'élèves furieux font savoir qu'il manque des enseignants, ou que leurs enfants voient défiler depuis la rentrée des enseignants différents. L'Education nationale a un problème de recrutement, ce n'est pas nouveau. "La crise est là et elle est sérieuse", déclare Pierre Moscovici le premier président de la Cour des Comptes. La Cour a voulu analyser la situation et Pierre Moscovici a présenté des préconisations détaillées dans un rapport de 170 pages.
Depuis 2017, il manque en moyenne un millier de professeurs chaque année, 1100 postes restent vacants à l'issue des concours de l'enseignement. A la rentrée 2022, le nombre de postes vacants était plus important encore, en raison d'une modification du concours qui a conduit à réduire le nombre de candidats. Ce manque de professeurs entraîne le recrutement de contractuels, on en a beaucoup parlé avant l'été parce que ça avait pris, dans plusieurs académies, la forme de "job dating".
Pour faire face, rapidement, à cette situation de pénurie, la Cour des Comptes préconise d'aménager les modalités de recrutement dans les académies qui peinent à pourvoir les postes dans les écoles et dans certaines disciplines en collège et lycée. Il s'agit pour la Cour de mieux encadrer le recrutement de contractuels en menant une expérimentation : permettre aux rectorats concernés de recruter pour des postes précis, après des entretiens, des candidats à BAC +5 qui s'engageraient sur un contrat de trois à cinq ans. Pourquoi cette durée : pour une stabilité dans l'affectation, c'est plus "sécurisant" déclare Pierre Moscovici. Il faut, dit-il, s'inscrire dans la durée. Il faudra prévoir un accompagnement et une formation de 10 à 20 jours, dit le rapport.
Au terme du contrat, le professeur pourrait être "cédéisé", il obtiendrait un contrat à durée indéterminé, mais pas le statut de fonctionnaire. Hors de question de supprimer le concours, précise Pierre Moscovici.
Pour les académies de Versailles et Créteil qui connaissent les plus grosses difficultés de recrutement, les Sages de la rue Cambon suggère de donner la possibilité aux recteurs, d'accorder une rémunération différenciée , des primes par exemple, pour les enseignants qui postuleraient sur dans des établissements les moins attractifs. Il faudrait aussi qu'ils puissent proposer des facilitées de logement en passant par le contingent préfectoral de logements pour les fonctionnaires.
Et il faudra aussi, écrit la Cour des Comptes dans son rapport, donner aux enseignants nouvellement nommés des perspectives d'avancement et de mobilité.
Les Sages veulent que les directeurs et directrices d'école et les chefs d'établissements inscrivent dans le projet d'école ou d'établissement l'accueil et l'accompagnement des nouveaux enseignants (qu'ils soient contractuels ou issus de concours) par des collègues tuteurs.
L'autre préconisation marquante concerne la formation des futurs enseignants du premier degrés. La Cour des Comptes souhaiterait un parcours fléché dès le début des études à l'université : trois ans de licence professionnalisante pour mener à un master, ce parcours sur 5 ans reste à construire à la fois par les acteurs universitaires et par les acteurs académiques sur le modèle des PPPE, les parcours préparatoires au professorat des écoles qui ont été lancés en 2021 mais dont le nombre restent pour le moment limité. Il s'agit de licences pluridisciplinaires avec des stages dans les écoles dès la première année de licence, pour se frotter immédiatement à la réalité du métier d'enseignant.
Le rapport de la Cour des Comptes traite pas du niveau de rémunération des enseignants, mais cela reste un point central dans la perte d'attractivité du métier, reconnait Pierre Moscovici cela fera l'objet d'une prochaine étude.