"On dirait un cancer" : au cœur de la vallée de Chamonix, où la modification du climat se ressent le plus en France

La neige et la glace accumulées dans les Alpes au cours de l’hiver dernier avaient déjà fondu le 4 juillet 2025. Ce seuil critique annuel, connu sous le nom de "Jour de la perte des glaciers", intervient généralement 4 à 5 semaines plus tard. Au-dessous de 3.500 mètres, tous les glaciers des Alpes auront fondu d'ici à la fin du siècle, selon les estimations des climatologues du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.

Cette neige permet aux glaciers de se reconstituer chaque année. Selon le service suisse de surveillance des glaciers, toute nouvelle fonte depuis le 4 juillet a entraîné une diminution de la taille des glaciers alpins. 2025 devrait être une année record de fonte des glaces.

À Chamonix, la fonte se voit à vue d'œil. Cécile, qui est née dans la Vallée, refuse de regarder les glaciers des Bossons qui dominent pourtant la station. "C'est trop triste, on dirait qu'il a un cancer", explique-t-elle sur RTL, dépitée. "Je suis partie 15 jours en vacances et à mon retour, je ne l'ai pas reconnu".

L'études des bourdons et des myrtilles

Colin Van Reeth, chercheur du Centre de Recherche sur les écosystèmes d'altitude, témoigne de l'impact du réchauffement du climat dans les Alpes sur la faune et la flore, plus exactement sur le bourdon et la myrtille. Chaque année, les myrtilles sont pollinisées par les bourdons.

Cependant, à cause du changement climatique, le décalage des saisons est de plus en plus fréquent. Si l'insecte ne pollinise pas les myrtilles quand elles sont en fleurs, cela entraîne un problème de désynchronisation. "L'impact est très clair, il n'y a pas de fruits', témoigne le spécialiste au micro de RTL.

Le choix d'étudier ces fruits est loin d'être anodin. En effet, "la myrtille est une espèce qui est consommée par quasiment tous les animaux de la montagne", rappelle Colin Van Reeth. Si le réchauffement climatique affecte leur production, "cela peut avoir des impacts assez importants sur le fonctionnement des écosystèmes de montagne et tous les animaux, toute la chaîne alimentaire", signale-t-il.   

D'ici, je pense, une dizaine d'années, ce bloc que l'on voit devant nous, il va disparaître

Christophe Profit

De son côté, l'alpiniste Christophe Profit parle de sa montagne qui change tant. "D'ici, je pense, une dizaine d'années, ce bloc que l'on voit devant nous, il va disparaître", se désole-t-il. La glace ayant fondu, les rochers sont désormais plus visibles.

Selon l'alpiniste, à cause de la canicule, les chutes de pierres se font de plus en plus nombreuses. Certains chemins sont dorénavant difficiles d'accès, "parce que le niveau de glace a baissé", explique Christophe Profit. 

L'impact du réchauffement climatique sur les emplois de la montagne

Denis Pivot connaît le massif du Mont-Blanc par cœur. Guide de haute montagne depuis des années, voir l'impact du réchauffement climatique sur les fontes de glace est très compliqué. "C'est dur pour nous de revenir sur des endroits puisqu'on a toujours l'impression que ce qu'on a connu dans notre jeunesse était un peu une montagne idéale", déplore-t-il. 

Dans les années 70, le livre Les 100 plus belles courses du massif du Mont-Blanc était "une bible des alpinistes" témoigne Denis Pivot. Cependant, en 2025, "il reste seulement un tiers des courses sur les 100 courses où on peut aller raisonnablement sans risquer d'avoir des chutes de pierre", explique-t-il. 

Chamonix, une vallée touchée par une forte augmentation des températures

À Chamonix, plus que dans le reste de la France, le climat s'est nettement réchauffé. Dans les alpes, la température "a augmenté du double par rapport à la température moyenne de la planète", souligne Sylvain Coutterand, glaciologue. 

Triste de constater ces changements, pour lui, le plus affligeant est de s'apercevoir "que c'est quand même notre faute que les glaciers fondent aussi rapidement". Selon le spécialiste, "on est dans une période charnière où l'humain a vraiment besoin de prendre conscience de sa fragilité et de prendre conscience qu'aujourd'hui, il a un impact sur les écosystèmes et sur le climat". 

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