À Bonneval (en Eure-et-Loir), les élus et les habitants décrivent une "crue record" après le passage de la tempête Kirk. Deux mètres d'eau dans certaines rues. Ce samedi matin, la décrue est presque terminée. La rivière du Loir retrouve progressivement son niveau habituel.
Les sinistrés constatent les dégâts. Un long nettoyage débute. Devant chaque porte d'entrée, chaque portail, chaque garage du centre-ville, de longs tuyaux d'arrosage jaune déversent de l'eau dans les égouts. Reliées à de petits moteurs, ces pompes de fortune permettent de vider les derniers hectolitres qui inondent encore les caves et les rez-de-chaussée. "Il y a avait 50 centimètres d'eau dans la maison, partout. On a mis plusieurs pompes pour vider les caves, ça prend beaucoup de temps", raconte Jean-Christophe au micro de RTL.
L'homme vit ici depuis plus de 25 ans. "Le four, le lave-linge, le lave-vaisselle, tout était dans l'eau. On ne sait pas si la chaudière va redémarrer. Elle était dans l'eau alors qu'elle était pourtant surélevée. On a connu des petites inondations, mais jamais dans la maison. Là, c'est tout a fait exceptionnel", constate-t-il.
La mairie a mis sa salle des fêtes à disposition des sinistrés. En haut de la rue principale, à moins d'une centaine de mètres de la rivière, des lits de camp, des couvertures de survie, des repas chauds et du café.
Un couple et leur fille en pleurs s'enlacent à côté du buffet. Philippe et Marie-Chantal sont propriétaires d'une ferme pédagogique au bord du Loir. Chez eux, l'eau a tout dévasté. "J'ai eu des vagues d'1m20 qui ont tout rasé, tout bousculé. Heureusement que les pompiers étaient là", déplore Philippe.
L'homme a passé une nuit entière "à faire la navette dans toutes les pièces parce que j'ai divers animaux. C'est catastrophique. On se sent seul, isolé. Heureusement qu'il y a Facebook." Et de poursuivre : "On va essayer de s'en sortir."
Chantal, de son côté, a lancé "un SOS" sur ce réseau social "pour que les gens viennent chercher une partie des animaux. Toutes les chèvres sont en sécurité. On a tout tout perdu. Y'a plus rien". En revanche, impossible de déplacer les deux cochons de 300 kilos en urgence. Philippe a dû les mettre à l'abri dans la véranda. Le fermier attend désormais que l'eau se retire pour sauver ses bêtes.
La famille loge pour l'instant dans un hôtel à Chartres. Les nuits sont prises en charge par leur assurance. Sauf pour les chiens, "car ce sont des suppléments", précise-t-elle.
La commune de 4.500 habitants n'a pas connu une telle crue depuis plus d'un siècle. C'est ce qu'indique le maire de Bonneval Éric Jubert. "On a presque atteint la crue de 1881. L'eau est montée en hauteur officielle jusqu'à environ 2m15, 2m17", explique-t-il.
Soixante personnes ont été évacuées grâce aux barques des pompiers, aux immenses camions. Des élus sont aussi sur le pont 24h/24 depuis deux jours. Un dispositif colossal. Du jamais-vu dans cette commune.
Désormais, le maire tente d'épauler les sinistrés. "On demande aux gens de faire une déclaration à leur assurance, mais aussi de passer en mairie. On a besoin que tous les sinistres soient déclarés pour monter le dossier de catastrophe naturelle." Le combat de l'édile désormais : que l'état de catastrophe naturelle soit reconnue.
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