Le constat est sans appel et reconnu par le gouvernement : aujourd'hui, le secteur du grand âge est primordial pour prendre en charge les personnes en perte d’autonomie. Pourtant, ce secteur peine à recruter.
Environ 830.000 personnes travaillent actuellement auprès des personnes âgées. Il en faudra au moins 20% de plus d’ici 2030, rien que pour faire face à l'augmentation du nombre des plus de 85 ans, et c'est sans compter les hausses d'effectifs nécessaires pour améliorer la qualité des soins.
Or, d'après une étude de l'Uniopss (Union nationale inter-fédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux) que RTL s'est procurée, le manque de personnel entraîne, dans 9 cas sur 10, des soins de moins bonnes qualités.
Chez les intervenants à domicile, près de 2 salariés sur 10 vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pour recruter et mieux traiter les salariés du grand âge, l'équipe de Myriam El Khomri devrait donc faire près d'une soixantaine de propositions, avec un axe fort pour améliorer le niveau de vie des aides à domicile.
Dans les services d'aide à domicile, les salariés peuvent rester aujourd'hui jusqu'à 13 ans, bloqués au Smic à cause de leur convention collective. Ils seraient 86.000 d'après la branche des services à domiciles à subir des coefficients conventionnels qui limitent leur salaire au Smic.
Tous les professionnels du secteur s'accordent aujourd'hui pour dire que ces revalorisations salariales sont devenues vitales pour les salariés, pour les structures et par voie de conséquence, pour les 90% de plus de 75 ans qui vivent chez eux.
Les
statisticiens de la DREES (Direction de la recherche, des études, de
l'évaluation et des statistiques des ministères sociaux) évoquent des taux de
pauvreté incroyablement élevés concernant les salariés qui interviennent à
domicile.
17,5% des intervenants à domicile vivent en dessous du seuil de
pauvreté (contre 6,5% pour les salariés en général) et le niveau de vie médian
de leur foyer atteint à peine 1.370 euros par mois (c’est 400 euros de moins par
mois que pour le reste des ménages dont l’un des membres est salarié).
Une proposition devrait donc
figurer dans le rapport à venir (qui devrait être rendu public le 28 octobre prochain) pour garantir des revenus décents. Les grilles
salariales devraient être complètement réécrites et les salaires les plus bas,
revus à la hausse. Le coût de cet investissement pour les métiers est au
minimum évalué à 200 millions d'euros par les professionnels du secteur, à
débloquer dès 2020.
L'Una (Union nationale de l'aide, des soins et des services
à domicile) estime de son côté qu'une enveloppe de 900 millions d'euros serait
nécessaire pour permettre au salaire moyen des aides à domicile d'être
identique à ceux de la branche sanitaire et sociale (infirmiers et
aides-soignants).
Les aides à domicile utilisent
leur voiture pour faire la toilette d'un usager, faire manger l'usager suivant,
transporter même certaines personnes âgées pour les aider à acheter leurs
courses de la semaine. En théorie, ces trajets doivent être indemnisés grâce à
une aide forfaitaire d’au moins 35 centimes d'euros par kilomètres pour
l'utilisation d'une voiture et 15 centimes d'euros pour un deux-roues.
Mais en
pratique, de nombreux départements dérogent à la règle et leurs subventions aux
structures d'aides à domicile n'intègrent pas les frais kilométriques. C'est le
cas de l'Aisne, du Finistère, de l'Hérault, du Rhône ou encore du
Pas-de-Calais, d'après l’Union syndicale des employeurs de branche de l’aide à
domicile. Certains responsables de départements contactés précisent qu'ils ne
sont même pas au courant de détails des conventions.
L'obligation de payer les frais
de déplacements devrait donc, a minima, être rappelée dans le rapport qui sera rendu public dans une semaine. Selon nos informations, la
mission El Khomri travaille également au développement
de parcs de voitures, avec des tarifs préférentiels pour les salariés de l'aide
à domicile.
Ces efforts pour aider les
personnels dans leurs déplacements professionnels pourraient également
permettre au métier d'être plus attractif et de recruter davantage. L'Uniopps
relève que dans 14% des cas, l'indemnisation trop faible des frais
kilométriques est une cause de difficultés à trouver du personnel.
Les questions de formation
devraient concerner le secteur des soins à domicile comme celui des salariés
d'Ehpad, avec davantage de passerelles pour passer d'un métier à l'autre.
Concernant la formation initiale
des aides-soignants, la mission El Khomri devrait proposer la
suppression du concours d'aide-soignant. Un lycéen qui voudrait devenir
aide-soignant pourrait ainsi s'inscrire directement via la plateforme Parcoursup
et suivre un cursus bien plus axé sur le sens de l'empathie et plus uniquement sur
les savoirs académiques.
La suppression du concours d’aide-soignant serait la
suite logique de la suppression déjà effective du concours d'infirmier. Cette
proposition figure également dans le rapport sur le grand-âge de Dominique
Libault.
Pour mieux coordonner
les besoins, la mission s'intéresse tout particulièrement à l'initiative de
l'association INVIE développée aux Mureaux, dans les Yvelines. Il s'agit d'une
plateforme qui met en relation les services de Pôle Emploi, les structures
d'aides à la personne et des candidats pour se former.
Les candidats passent
d'abord par un sas de découverte du métier de 5 jours, au cours duquel leur
empathie, leur volonté de travailler dans le domaine de l'humain, sont
évaluées. Les futurs salariés sont ainsi mieux orientés.
Cette structure
pourrait service de base au développement de plateformes du grand âge dans
chaque département. Selon les représentants d'INVIE, leurs
compétences pourraient très bien s'exporter bassin d'emploi par bassin d'emploi.
Plusieurs propositions
devraient être faites pour mieux former les salariés au cours de leur carrière
et notamment aux gestes et postures pour éviter de se blesser. En effet, travailler
dans le secteur médico-social est étonnamment risqué.
Myriam El Khomri le
répète à chaque visite : "La sinistralité est insupportable. On est
à un taux de fréquence des accidents du travail de 100 pour 1.000 dans ce
secteur, lorsque la moyenne des salariés français est à 34 pour 1.000 et que le
secteur du bâtiment (traditionnellement cité pour ses risques d'accidents) est
à 64 pour 1.000". *
Un récent rapport de la cour des comptes a également mis
l'accent sur les arrêts de travail particulièrement fréquents du secteur.
"En 2016, les salariés du secteur de la santé humaine et de l'action
sociale ont en moyenne été arrêtés pendant près de 20 jours pour
maladie", soit bien plus que la moyenne des autres secteurs comprise
entre 5 et 13 jours d'arrêt pour maladie par an.
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