Mayotte : "On est très nombreux à se sentir abandonnés par l'État", assure Asma Chanfi, infirmière à Mamoudzou, sur RTL
Mayotte a toujours du mal à se relever du passage du cyclone Chido. Alors qu'Emmanuel Macron est arrivé sur l'île, ce lundi, les habitants dénoncent le sentiment d'abandon de l'État.
Quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido sur l'île de Mayotte, qui a fait au moins 40 morts, Emmanuel Macron est arrivé, ce lundi 21 avril, sur ce territoire encore meurtri. Il a fait le déplacement pour faire le point sur la reconstruction de l'archipel et présenter un plan de "refondation" de ce département le plus pauvre de France. "Je veux rendre hommage à la force de résistance de tout le peuple mahorais", a déclaré le président, peu après sa descente d'avion.
Le président assure être venu pour "faire le constat de ce qui est bien fait, ce qui n'est pas assez bien fait". Et justement, Asma Chanfi, infirmière de santé mentale à Mamoudzou, assure que la situation est encore "très compliquée".
Au Centre médico-psychologique de la capitale de Mayotte, le bâtiment a été détruit. "Cela fait quatre mois que nous n'avons plus de local. Cela fait quatre mois que nous avons un bureau prêté par le service de médecine pour les infirmiers, les psychologues, les psychiatres, l'assistance sociale", énumère-t-elle.
Depuis le passage du cyclone, ils sont contraints d'accueillir les patients "en mode dégradé". "On accueille peut-être 30 % de nos patients", alerte Asma Chanfi, qui regrette également ne pas avoir les moyens nécessaires pour aller vers les personnes ne donnant plus de nouvelles. "Et surtout, pour les patients qui ont un besoin de suivi psychologique post-Chido, nous ne sommes pas en capacité de les accueillir, donc on les met sur une liste d'attente sans savoir quand on pourra les suivre de nouveau", souffle-t-elle, assurant être "désemparée" et "impuissante" face à la situation.
Emmanuel Macron, "des paroles en l'air"
Asma Chanfi, qui réalise des vidéos pour TikTok pour dénoncer ce qui se passe sur Mayotte, notamment depuis le passage du cyclone Chido, critique également Emmanuel Macron, qui a récemment publié une vidéo sur cette même plateforme pour parler de la santé mentale, assurant qu'il en fera un enjeu national. "Cette question qui est chère à votre cœur, comme vous le dites, comment se fait-il que, justement, ici, la psychiatrie souffre", demande-t-elle au Président. Pour elle, ces déclarations ne sont que des paroles en l'air.
Elle cible ensuite toute la classe politique, dont Manuel Valls, ministre des Outre-mer. "Les politiciens ont dit qu'il y a beaucoup de choses en place, qu'ils n'ont jamais mis autant de moyens. Mais nous, sur place, concrètement, au niveau des actions, il n'y a pas grand-chose qui est fait."
Si beaucoup d'argent a été débloqué, de denrées alimentaires envoyés et de moyens déployés, elle assure ne pas avoir vu de changement à Mayotte. "Nous, on n'a rien vu. Je peux vous dire qu'on est très nombreux à se sentir complètement abandonnés par l'État", affirme-t-elle.
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