Mac Lesggy explique pourquoi la climatisation pourrait sauver des vies en France
En France, la clim’ a mauvaise réputation. Pourtant, Mac Lesggy vous explique pourquoi elle pourrait sauver des vies et aider les élèves, les soignants à mieux travailler.
On a fait des gorges chaudes du petit épisode de froid début janvier et puis on est revenu à une situation plus habituelle, où l’on bat régulièrement des records de douceur en hiver, et des records de chaleur en été. En janvier, la température des océans est au plus haut, qu’est-ce que ça va donner dans 6 mois, alors que la probabilité est élevée que nous connaissions un été aussi chaud sinon plus que ceux de ces dernières années. Les climatologues le prédisent depuis des années, et les événements le confirment : le risque de canicule augmente chaque année, en fréquence, en durée et en intensité. D’autant que la planète avait pour ambition de limiter le réchauffement à +1,5 degrés, et que comme l’a dit Jean-Marc Jancovici, de ce côté-là, "c’est mort". On est en train de se diriger vers un réchauffement à +3, +4 degrés ! Ça, ce sont des canicules en plus et donc des victimes en plus. Et nous n’y sommes pas complétement préparés !
On a pourtant des plans d’action contre les canicules, avec une certaine efficacité. C’est pour cela que la canicule de 2022 n’a fait, si l’on peut dire, que 4.800 victimes, contre 15.000 victimes lors de celle de 2003. L’INSERM a fait le bilan de l’été dernier 2023 rappelez-vous, plusieurs canicules assez localisées, et on est quand même à un surcroît de mortalité de 400 morts. J’ai interviewé un des chercheurs qui a établi ce chiffre, si on veut baisser ces tristes chiffres de mortalité, le moyen le plus rapide, le plus évident, c’est de développer la climatisation. Chez les particuliers, dans les usines, les écoles, les bureaux, les hôpitaux ou les transports...
En France, on n’aime pas trop ça, la clim’ et à tort ! Songez que moins de 5% des foyers français sont équipés de clim, alors que c’est le cas de plus de 90% des foyers américains ou japonais ! En plus du confort qu’apporte la clim’, en cas de canicules, ils sont incomparablement mieux protégés. Mais ce n’est pas tout ! Une étude de l’Université d'Harvard a montré que l’exposition à la chaleur réduisait les capacités d’apprentissage des étudiants, ses effets étant les plus dommageables chez les étudiants à faibles revenus. Rappelez-vous d’ailleurs que des écoles sans clim’ ont fermé en France en 2019 et en 2022 parce qu’il y faisait trop chaud !
Et pour les adultes ?
C’est pareil. Selon une étude de l’Université de Liège : au-delà de 25 degrés, la productivité d’un travailleur décroît, quand elle ne devient pas nulle parce qu’on ferme le bureau, l’usine ou le service public, pour cause de canicule, ce qui arrive régulièrement en France. Je ne parle pas des hôpitaux ou des trains… Rappelez-vous ces galères de voyageurs déshydratés enfermés dans des wagons par des températures infernales ou ces familles de patients installant des clim' de fortune dans les chambres d’hôpital.
En France, la clim’ a mauvaise réputation ! On dit qu’elle consomme de l’énergie : vrai, mais si c’est de l’électricité produite par nos centrales nucléaires, c’est de l’énergie bas carbone. D’autant que l’été, période de consommation électrique basse, on n’a pas de problème de disponibilité. On dit que ça crée des îlots de chaleur dans les villes. C'est vrai, mais l’effet de la clim’ est faible par rapport à ce qui crée vraiment de la chaleur en ville : le macadam et le béton. C’est une étude du Centre National de Recherches Météo qui l’a établi. Végétalisons les villes, tout en mettant des clim’.
On dit que ça ne sert que quelques semaines par an. C'est vrai pour les clim’ simples, mais pas avec une pompe à chaleur réversible, qui chauffe en hiver et nous refroidit l’été. La clim’ si on la généralise dans le futur, ce sera des vies sauvées, des élèves qui apprendront mieux, des soignants, des travailleurs publics ou privés qui travailleront mieux… Et c’est maintenant qu’il faut y penser, pas en juillet !
