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Mac Lesggy explique comment l'IA va permettre de déchiffrer des textes de la Rome antique

Ce dimanche matin, Mac Lesggy se penche sur l'Intelligence Artificielle, cette fois-ci au service de l’archéologie, de notre connaissance du monde romain.

Un papyrus de la Rome antique

Crédit : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

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Savez-vous quel pourcentage de la littérature écrite par les Romains de l’Antiquité est parvenu jusqu’à nous ? Moins de 1%, peut-être même 1‰. En tout, nous ne connaissons qu’une centaine de grands ouvrages : Cicéron, César, Ovide, Virgile, etc. dont les œuvres ont échappé à la destruction des bibliothèques, à la fin de l’Empire Romain, et ont pu être recopiées par les moines du Moyen Âge. Ils ne sont jamais parvenus directement jusqu’à nous, les ouvrages romains étaient écrits sur des rouleaux de papyrus, qui ont soit brûlé, soit disparu au fil des siècles. Tous sauf ceux retrouvés dans la Villa des Papyrus d’Herculanum.

En 79 de notre ère, une éruption du Vésuve recouvre Herculanum sous 15 mètres de cendres brûlantes. C’est sous cette gangue que les 800 rouleaux de la bibliothèque de cette villa vont passer les siècles, jusqu’à leur mise au jour en 1740. On n'a malheureusement pas eu le temps de les déchiffrer, car lorsque la nuée ardente a recouvert Herculanum, ces rouleaux ont été instantanément carbonisés. Alors ils sont intacts, oui, mais ce sont quasiment des rouleaux de cendres. Si vous tentez de les dérouler pour les lire, et on a tenté plusieurs fois de le faire, ils tombent en poussière.

Mais il y a neuf ans, un chercheur américain, Brent Seales qui travaillait sur un autre rouleau, dans le même état, a eu une idée de génie : le passer sous un scanner ultra précis, pour en faire un modèle, en 3D, avec tous les détails de l’intérieur. Puis dérouler ce modèle sur ordinateur, pour lire le contenu, sans toucher au vrai rouleau.

Par chance, l’encre de son rouleau contenait du métal qui contrastait bien avec le papyrus. Le problème avec les papyrus d’Herculanum, c’est que le contraste entre l’encre et le papier, vu au scanner, est si faible qu’on ne peut pas le voir à l’œil nu ! Et c’est là que l’Intelligence Artificielle entre en scène.

Une œuvre oubliée depuis 2.000 ans réapparaît

Des mécènes américains ont fait réaliser un scanner d’une petite partie d’un rouleau conservé par l’Institut de France. Ce modèle 3D a été mis à disposition de tous, il y a un an, avec la promesse de 700.000 dollars à qui parviendrait à le déchiffrer. Et donc plusieurs équipes ont fait tourner des algorithmes d’Intelligence Artificielle qui ont appris à repérer les infimes différences entre les parties encrées et non encrées du papyrus. Jusqu’à ce qu’apparaissent des caractères écrits. Du grec, d’ailleurs ! C’est un trio de petits génies, un Américain, un Égyptien et un Suisse qui a obtenu la meilleure image et remporté le Prix.

Les papyrologues étudient le texte depuis deux mois. Déjà ce n’est pas une copie d’un texte connu, c’est un inédit. Une œuvre oubliée depuis 2.000 ans qui réapparaît. C’est écrit par un philosophe qui se demande si une chose rare nous procure plus de plaisir qu’une chose abondante ! Il reste 95% du rouleau, enfin du modèle virtuel du rouleau à déchiffrer, mais ça devrait aller vite, car l’IA auto-apprend et se perfectionne au fur et à mesure. Et puis après, il y a 800 rouleaux à déchiffrer. Rappelez-vous qu’on ne connait pour l’instant qu’une centaine d’écrits de cette époque. Donc notre connaissance de la littérature et du monde antique va faire un pas de géant.

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