Le retour de Bernard Tapie, un "mauvais nanard" ?

REPLAY - Le retour de Bernard Tapie a un air de déjà vu dans la presse française ce matin.

Marie Guerrier

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Il y a un retour très commenté dans les journaux ce matin...celui de Bernard Tapie en politique. Les éditorialistes ne croient pas aux revenants. "Le retour impossible" écrit Sébastien Lacroix dans l'Union. On le croyait au fond du trou avec trois pelletées de dettes sur la tête, il revient dans un bruit de casseroles épouvantable. Sauf qu'aujourd'hui c'est trop tard. Il incarne un mélange des genres entre affaires et politique dont les français ne veulent plus. Bernard Tapie n'a plus la clé de la société, la société a changé.

"Manquait plus que Tapie", s'exclame Alain Auffray dans Libération et d'ajouter "on se demande vraiment quels gogos pourraient encore avaler une telle fable". Un prétendu retour en politique qui est d'abord la contre-attaque d'un justiciable contrarié. Jean Emmanuel Ducoin dans l'Humanité ironise sur Tapie qui ose encore venir parader en prétendant qu'il peut constituer un barrage au Front national. Pas mal n'est ce pas pour réenchanter la politique et repartir sur des bases saines, éthiques et moralement compatibles avec l'idée que nous nous faisons de la République.

"C'est un mauvais nanard, tant vu qu'il finit par exaspérer" écrit Matthieu Verrier dans La Voix du Nord... et il ne manque pas de rappeler l'âge du capitaine : 72 ans. Et l'éditorialiste fait un petit calcul, c'est l'âge additionné des deux candidats du renouveau en Espagne, qui sont entrés au parlement cette nuit... Albert Rivera et Pablo Iglesia.

Kurt Masur, un chef d'orchestre et héros populaire

Kurt Masur avait 88 ans, un chef d'orchestre parmi les plus réputés au monde, il s'est éteint samedi. Tout a déjà été dit sur son immense carrière. Mais ce matin Libération revient sur ce grand homme. Sa carrure de gorille en faisait une cible facile pour le destin qui ne l'a pas loupé, dit la première phrase de l'article. Né allemand dans un village aujourd'hui situé en Pologne, Kurt mazur est enrôlé à 17 ans dans l'armée hitlérienne. il combat, conduit des chars d'assaut. Il sera l'un des 27 rescapés de sa compagnie de 130 hommes. il en gardait le souvenir d'un mauvais rêve. Après la guerre, sa famille est éparpillée au quatre coins de la zone soviétique.

Kurt Mazur s'établit à Leipzig en Allemagne l'Est, il s'inscrit au conservatoire. Il voulait être pianiste ou organiste, mais les tendons de ses doigts se contractent, maladie génétique, deux opérations à 22 et 24 ans.. et finalement il est obligé de changer de voie...il deviendra chef d'orchestre. Et sa vie continue de traverser la Grande Histoire... en octobre 1989, tous les lundis les Allemands manifestent dans les rues Leipzig pour réclamer la démocratie. Ils sont jusqu'à 70.000 sur la grande place, les chars les entourent, le régime a déjà réprimé des manifestations de ce genre à Berlin à Dresde... le soir du 9 octobre à Leipzig au plus fort de la tension, entre la police et les manifestants apparaît la silhouette large de Kurt Masur. Il lit une lettre coécrite avec une poignée de parlementaire, un artiste de cabaret et un prêtre, il appelle au dialogue et à la retenue. le bain de sang est évité, la journée marque le tournant de la fin du régime. Un mois plus tard, le mur de Berlin tombait... le chef Masur est devenu un héros populaire, il dirigeait à la main... jamais à la baguette.

Le renouveau politique en Espagne

C'est la double page du Parisien Aujourd'hui en France : "Nos élus peinent à se renouveler". Notre système politique est congelé dit le sociologue Michel Wievorka. Nos élus sont des professionnels de la politique, ils font des carrières qu'ils n'ont évidemment pas envie de quitter. Ils défendent leur job au lieu de considérer la politique comme un engagement civique de quelques années. Le journal publie deux séries de photos : des élus jeunes et les mêmes aujourd'hui. Jean marie Le Pen, premier mandat il y a 59 ans. Laurent Fabius, il y a 38 ans, Jean claude Gaudin il y a 37 ans... Ségolène royal et Alain Juppé élu pour la première fois il y a 32 ans.

Il y a un paradoxe : si les français réclament du sang neuf, écrit le Parisien, une fois dans l'isoloir il a tendance à préférer les élus expérimentés. Dans ces conditions, difficile de percer quand on est junior en politique. 23 députés seulement sur 577 ont moins de 40 ans.

Depuis juin, le gouvernement dispose d'un rapport qui suggère d'imposer des quotas de jeunes candidats à investir aux élections, ou de leur faire signer une charte de la jeunesse. D'autres rapports qui prennent la poussière préconisent aussi depuis longtemps de fixer l'âge limite pour être candidat, mais, vous le savez, certains crient au jeunisme ou au racisme antivieux.

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