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Langue française : quel lien entre le boucher-charcutier et "se boucher les oreilles" ?

Muriel Gilbert répond à la question d'un auditeur : le boucher qui vend de la viande et le verbe boucher auraient-ils la même origine ?

Un jeune apprenti-boucher (Illustration)
Crédit : AFP / Archives, Martin Bureau
Langue française : quel lien entre le boucher-charcutier et "se boucher les oreilles" ?
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Muriel Gilbert

Ce dimanche, on parle boucher, avec une question, qui a surgi l’autre soir à ma table lors d’un repas entre amis : "Le boucher qui vend de la viande et le verbe boucher auraient-ils la même origine ? Et est-ce que cette origine ne serait pas… la bouche ? Puisque, après tout, le boucher a des bouches à nourrir ?"

C’est vrai, c’est surprenant que ce soit le même mot, "boucher ses oreilles" et "artisan boucher". D’autant plus que l’un est un verbe et l’autre un nom commun.

Mais, en réalité, c’est une succession de hasards de l’histoire de notre langue farceuse qui explique que ces deux termes soient devenus de parfaits homophones et homographes, des mots qui se prononcent et qui s’écrivent de la même façon. D’abord, la terminaison en ER est celle de la plupart des métiers et aussi des verbes en français. 

Le sens propre du verbe boucher

Le verbe boucher vient de l’ancien français bousche, qui désignait, figurez-vous, une "poignée de paille", un mot lui-même issu du latin bosca, "broussailles". Dans bosca, d’ailleurs, on retrouve la famille du bosquet, et du bouquet, le bosquet étant après tout... un bouquet d’arbres !

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Le sens propre du verbe boucher a donc été d’abord "obstruer [quelque chose] au moyen d’une poignée de paille", nous apprend mon cher Dictionnaire historique de la langue française, sens qui s’est étendu rapidement à celui que nous connaissons aujourd’hui, et qui est beaucoup plus large : se boucher les oreilles, boucher un tuyau, ou même en boucher un coin à quelqu’un, ça ne se fait pas, d’ordinaire, avec une poignée de paille.

Notre bouche, elle, vient d’un tout autre mot latin, bucca, et dans le genre homonymes du verbe boucher, elle a donné la bouchée, la quantité d’aliments qu’on met dans la bouche en une seule fois, mais qui ne s’écrit pas de la même façon, naturellement. L’artisan boucher, lui, ne vient ni du verbe boucher ni de la bouche à nourrir, il vient… du bouc, imaginez-vous. Oui, de monsieur chèvre. Pourquoi ? 
Parce que le boucher était à l’origine celui qui abattait les boucs, et par extension eh bien tous les animaux destinés à être consommés, puis finalement comme aujourd’hui le boucher est devenu avant tout celui qui vend de la viande. 

Quant à la viande, d’ailleurs, elle aussi a changé de sens… Le mot viande descend du latin vivanda, "ce qui sert à vivre", les vivres, quoi, c’est-à-dire toutes les provisions, y compris les légumes, le pain, tout ça. Et c’est ce sens de "nourriture" en général que conservera le mot viande jusqu’au XVIIe siècle, époque à laquelle il est devenu l’apanage… des bouchers !

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