À Stockholm, en Suède, une expérience unique en matière monétaire est déployée. C'est la disparition du cash. La Suède est en train d'éradiquer littéralement l'usage des pièces et des billets, au profit de paiements électroniques, qu'on appelle dématérialisés. Soit par carte, soit par téléphone mobile.
Les transactions en liquide ne représentent plus que 2% du montant total des échanges financiers dans le pays. Une proportion qui a été divisée par deux dans les cinq dernières années. Les gens n'ont plus de porte monnaie.
Sur un marché avec de petits producteurs de légumes, qui vendent au détail, pour des montants de quelques euros, on fait chez eux les courses ordinaires. Et on voit les grands-mères sortir de leur cabas leur téléphone portable, composer le numéro du paysan qui est généralement affiché au dessus de la balance, et effectuer un virement instantané.
Une autre expérience étonnante : en allant acheter un plan dans le centre historique de la capitale, la boulangère a refusé le billet de 100 couronnes (10 euros environ). Elle n'accepte tout simplement plus le cash, pour des raisons de sécurité.
C'est tellement généralisé que la quête dans les églises se fait maintenant avec le système Swich, qui a été inventé par les banques suédoises, et qui permet justement ces virements instantanés entre comptes, sans frais.
Même les musiciens dans le métro affichent leur numéro swich pour recueillir l'obole des passants. Il y a cinq millions et demie de comptes de ce type dans ce pays de dix millions d'habitants.
En terme de sécurité, ça a fait disparaître en large partie la fraude fiscale par exemple, dans un pays qui était déjà relativement respectueux de la règle - c'est la culture protestante.
Quant aux attaques armées de banques, il y en a beaucoup moins, car les banques elles-mêmes n'ont plus de cash, elles ressemblent désormais à des Apple store. Selon la police, la criminalité a changé de nature. Elle est le fait d'individus experts, qui trafiquent les systèmes et parviennent parfois à faire des détournements d'argent au moyen de l'informatique.
Cette révolution n'émane pas du gouvernement mais des citoyens eux-mêmes, qui figurent parmi les plus connectés du monde. Et qui ont toujours eu une longueur d'avance en matière monétaire. C'est en Suède qu'a été inventé le premier billet de banque, au 17ème siècle, alors que les pièces de monnaie, en cuivre, pouvaient peser jusqu'à dix kilos. Pas très pratique évidemment.
La tendance se généralise, dans tous les pays, chacun à son rythme. Mais l'élimination totale de l'argent liquide bute quand même sur deux difficultés. D'abord le pouvoir que cela conférerait aux banques privées, qui contrôleraient tous les flux financiers, dans une sorte d'oligopole dangereux.
Et ensuite la fin de la vie privée. Tous vos paiements, sans exceptions, seraient à la fois traçables et consignés pour l'éternité dans le système informatique planétaire. Ce serait alors une nouvelle étape dans la restriction des libertés individuelles du fait de la technologie.
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