Le livret A a le vent en poupe. Il a drainé prés de 10 milliards d'euro depuis le début de l'année. Un constat difficile à comprendre quand on sait qu'on ne gagne plus rien avec le livret A ! Ce n'était déjà pas grand chose quand l'inflation était quasiment nulle. Mais là, avec la remontée des prix à 0,7 %, ce n'est plus rien du tout ! Le taux de rémunération est resté scotché à 0,75%. Le nouveau gouvernement n'a pas voulu appliquer le relèvement automatique qui aurait dû intervenir compte tenu de la hausse des prix. Dès lors, avec votre livret A, vous faites du sur-place.
Avec une rémunération à hauteur de 0,75%, vous compensez juste l'inflation, vous suivez l'évolution des prix sans arriver à aller plus vite... Mais pas tout à fait quand même. En faisant le calcul : avec 0,7 % d'inflation pour une rémunération de votre épargne à 0,75 %, cela fait 0,05 % d'écart. Donc avec 1.000 euros sur votre livret A, vous aurez au bout d'un an fait un gain magistral de... 50 centimes.
Pourtant, malgré ce constat peu attrayant, les milliards affluent ! On a assisté à un rebond spectaculaire. Depuis le 1er janvier, le livret A a attiré prés de 10 milliards d'euros alors que sur la même période en 2016, 340 millions seulement avait été collectés, soit 28 fois moins ! Comment l'expliquer ? En 2016, les épargnants ont boudé le livret A parce qu' il était tombé à son plus bas historique : un taux d'intérêt sous les 1% - à 0,75%, celui d'aujourd'hui, ne s'était jamais vu. Il a fallu accuser le coup. Mais les bouderies ne durent jamais longtemps. L'effet indigeste de cette baisse a fini par s'estomper et les Français ont redécouvert les vertus du livret A.
La sécurité et la stabilité sont les atouts principaux du livret A. Petit retour en arrière : on a vécu un premier semestre très incertain avec l'élection présidentielle, ses multiples rebondissements, la montée des extrêmes à droite comme à gauche. Le livret A est apparu comme une valeur refuge, intouchable quoi qu'il arrive. Et quand Emmanuel Macron, une fois élu, a confirmé qu'il ne fiscaliserait pas l'épargne réglementée, certains ont préféré ne pas prendre de risques. En attendant de savoir à quelle sauce fiscale les autres placements financiers seront mangés, remplissons tranquillement nos livrets A.
On pense notamment à l'assurance-vie. D'ailleurs c'est une deuxième explication à cet engouement pour le livret A : l'assurance-vie , victime des taux bas de la Banque Centrale Européenne, ne rapporte plus beaucoup, à peine 2%. Une fois les prélèvements fiscaux et sociaux effectués, l'assurance-vie s'est finalement rapprochée du niveau de rémunération du livret A. Et certains se sont dits : autant choisir ce dernier. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : l'assurance-vie a perdu 10 milliards au premier semestre, le livret A en a gagné presque autant. Il y a eu forcément un jeu de vase communiquant.
Finalement les Français sont très attachés à leur livret A. Il sert en fait de compte courant sécurisé aux foyers modeste et de réserve d'argent facile d'accès aux ménages les plus aisés. Et puis il y a ce côté "je gère mes économies en bon père de famille". À défaut de gagner beaucoup, je ne perds rien, doublé de cette petite satisfaction qu'affectionne particulièrement les contribuables. J'échappe à l'impôt et à la CSG en mettant de l'argent sur mon livret A. Ce n'est plus si facile à trouver ce genre de niche.
Pour autant, si l'on comptait pratiquement autant de livrets A que d'habitants, c'est un constat qu'on ne peut plus établir. En un an, le nombre de livrets A a chuté de 5 millions. Il n' y en a plus que 56 millions en circulation car les pouvoirs publics et les banques ont fait le ménage : les livrets inactifs qui appartenaient souvent à des personnes décédées ont été fermés, les sommes rendues aux héritiers. Et les cumulards ont été traqués, ceux qui détenaient deux livrets A, ce qui est interdit.
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