Karine Dabadie, "Barbie boucher", sur RTL : "Je resterai 12 heures sur un corps s'il le faut"

PODCAST - Dans "Tenaces", Anaïs Bouton reçoit Karine Dabadie, médecin légiste. Elle dévoile dans "Corps, corps, corps, Carnet d'une médecin légiste" aux Éditions Globe, écrit avec Macha Séry, son parcours professionnel et personnel, marqué par un engagement sans faille contre les violences faites aux femmes et aux enfants, et par des blessures intimes.

Un médecin légiste amène le corps d'un défunt à autopsier, le 12 février 2007 à l'institut médico légal de Lyon.

Crédit : JEFF PACHOUD / AFP

Karine Dabadie, médecin légiste : "Je resterai 12 heures sur un corps s'il le faut"

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Karine Dabadie fait parler les corps, mais surtout, elle force la société à écouter ce qu’elle préfère taire. Médecin légiste engagée, elle a traversé des terrains complexes, notamment aux Antilles, où elle a joué un rôle essentiel dans la création de la première structure de médecine légale.

Elle témoigne d'un profond respect pour les corps qu'elle examine. "Ce corps-là, qui est sur le sol... il était vivant il y a quelques secondes. Nous, à travers nos constatations, on va essayer en tout cas de lui redonner ses dernières secondes de vie en fait", explique-t-elle au micro de Tenaces. Déterminée, elle est prête à tout "On me dit souvent, mais tu vas décrire les 50 plaies ? Je lui ai dit : "oui, je resterai s'il faut 12 heures sur un corps."

Karine Dabadie est surnommée la "Barbie boucher" par les enquêteurs, un oxymore qui reflète bien sa singularité : "Barbie parce que j'arrivais toujours avec mes talons, que j'ai toujours sur moi d'ailleurs. Et boucher parce qu'après, c'est moi qui autopsie le corps, c'est moi qui le manipule. Et pour eux, ça leur paraissait complètement antagoniste qu'une femme arrive et soit capable après d'aller faire des autopsies avec autant d'acharnement, avec autant d'envie de savoir ce qui s'est passé."

Un combat au corps à corps

Son engagement contre les violences, en particulier, faites aux femmes et aux enfants, est au cœur de sa pratique. Dès 2012, elle met en place une procédure de signalement pour les victimes de violences conjugales, un système définitivement mis en place en 2022 : "Les femmes déposaient plainte, on les évaluait. Et quand on avait dix items, et quand on avait plus de trois items, on les signalait." Elle déplore cependant la place fragile de la victime dans la justice et cette société où "la parole des femmes est systématiquement mise en doute".

Karine Dabadie ne cache rien de ses blessures personnelles. Dans son livre Corps, corps, corps, Carnet d'une médecin légiste aux Éditions Globe, écrit avec Macha Séry, elle évoque une expérience de harcèlement professionnel qui l’a menée au bord du gouffre et qui a réveillé un souvenir d’enfance longtemps enfoui : "J'ai appelé mon mari et j'ai dit : j’ai été violée. "Aujourd’hui, elle milite contre la prescription : "Peu importe le moment où ça se révèle, on s’est construit avec ça."

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>> Tenaces est un podcast consacré à des femmes qui se sont battues, qui ont osé... C'était impossible, alors elles l'ont fait ! Dans chaque épisode, Anaïs Bouton vous présente une personnalité dont le parcours est puissant, inspirant, original. "Tenaces" ou l'art de ne jamais rien lâcher.

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