"J'étais devenue son esclave sexuelle" : Angélique Cauchy, violée à 12 ans par son entraîneur de tennis, témoigne

PODCAST - Dans "Tenaces", Anaïs Bouton reçoit Angélique Cauchy. À 12 ans, celle qui aspirait à devenir une championne de tennis a vu son rêve se transformer en cauchemar. Son entraineur l'a violée plusieurs fois par semaine pendant deux ans.

Angélique Cauchy prononce un discours au Secrétariat d'État chargé de l'égalité femmes-hommes et contre les discriminations, à Paris, le 18 novembre 2024.

Crédit : Ian LANGSDON / AFP

37. Angélique Cauchy, violée par son entraineur : la championne de la résilience

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À l'âge de 12 ans, elle n'avait qu'un rêve : celui de devenir une grande championne de tennis. C'est pour accomplir sa mission qu'Angélique Cauchy débarque dans un nouveau club à Sarcelles et rencontre son nouvel entraîneur. "Il me paraît très compétent, très doux, très posé, mais en même temps très fin tacticien. Il a exactement la posture que je voulais d'un entraîneur, c'est-à-dire présent mais pas trop, confie l'invitée d'Anaïs Bouton dans Tenaces, un podcast RTL. Finalement, je n'ai pas cet entraîneur parce qu'il part. J'en ai un autre qui va être l'exact opposé, et qui va justement me retirer tout choix possible."

Très rapidement, l'homme occupe une place importante dans le quotidien de la jeune fille. "Il me propose de m'entraîner davantage et gratuitement. Je suis dans une famille où il y a peu d'argent. Le tennis me permet d'avoir de l'argent pour payer la cantine à l'école donc finalement j'ai aussi ce poids sur les épaules qu'on fait porter sur beaucoup d'enfants, explique Angélique Cauchy. Vient ensuite le moment où il me propose de m'emmener dans les tournois. Mon papa est le seul à conduire donc il ne peut pas s'occuper de ma petite sœur et de moi. Et donc il [l'entraîneur] devient le sauveur qui va pouvoir m'entraîner à la fois gratuitement et m'emmener dans des tournois plus loin. Il fait culpabiliser mes parents en leur disant que ça lui fait beaucoup d'aller-retour, que ça le fatigue et que ça coûte cher, et que ça serait plus pratique que je dorme chez lui." Ses parents acceptent.

Le processus de manipulation s'enclenche petit-à-petit. Il la fait dormir dans son lit. "Je suis dans une relation père-fille avec lui et je me pose cette question : "S'il est comme mon père, ce n'est pas si grave s'il dort avec moi ? Peut-être qu'il y a des papas qui dorment aussi avec leurs enfants." Donc, je suis dans cette confusion." Des doutes qu'elle garde pour elle : "Il me dit de ne surtout pas le dire, que c'est notre secret".

Que ça soit dans sa voiture, derrière une bâche de tennis, dans des vestiaires, dans un local technique ou devant le jardin de sa grand-mère, il n'y avait aucun lieu qui l'arrêtait.

Angélique Cauchy

L'enfant est enfermée dans la loi du silence. L'homme en profite pour aller plus loin. D'abord un bisou, puis des attouchements, "très vite viennent les fellations et les viols avec ses doigts et son sexe. Je ne sais pas trop comment me sortir à ce moment-là de ça, et je pense que je peux m'en sortir sans faire appel à quelqu'un d'autre, confie Angélique Cauchy. Ça arrive d'abord dans son lit, mais très rapidement, dans plein d'endroits, à partir du moment où il en avait envie. J'étais devenue son esclave sexuelle. Que ça soit dans sa voiture, derrière une bâche de tennis, dans des vestiaires, dans un local technique ou devant le jardin de sa grand-mère, il n'y avait aucun lieu qui l'arrêtait."

Ce qu'elle a vécu, l'ancienne de joueuse de tennis l'a couché sur la papier. Son livre Si un jour quelqu'un te fait du mal, est paru aux éditions Stock, en octobre 2024. Le titre, "c'est une phrase que disait souvent mon père, "si un jour quelqu'un te fait du mal, j'attendrai pas que justice soit faite, je lui mettrais une balle entre les deux yeux", se souvient Angélique Cauchy. Il faut faire attention à ce qu'on dit aux enfants pour ne pas provoquer leur silence. La première des choses que veut un enfant, c'est protéger sa famille, quitte à se sacrifier lui. Et donc cette phrase a provoqué chez moi le silence parce que j'ai eu peur que mon père le fasse, qu'il parte en prison, que ma mère dépressive parte en hôpital psychiatrique et que ma petite sœur de 10 ans parte en foyer. Alors, j'ai choisi de ne pas parler pour protéger ma famille. Aujourd'hui, je sais que c'est le mauvais choix."

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>> Tenaces est un podcast consacré à des femmes qui se sont battues, qui ont osé... C'était impossible, alors elles l'ont fait ! Dans chaque épisode, Anaïs Bouton vous présente une personnalité dont le parcours est puissant, inspirant, original. "Tenaces" ou l'art de ne jamais rien lâcher.

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