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#JusticeForCarolyn : non, Donald Trump n'a pas tué son assistante

FACT CHECKING - Faudra-t-il utiliser des fake news pour lutter contre les fake news ? Retour sur l'opération "JusticeforCarolyn", faux hashtag devenu viral aux États-Unis.

Donald Trump, le 31 mars 2020

Crédit : WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Jean-Mathieu Pernin

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Vous aimez les jeux de société ? Plutôt petits chevaux ou casse-tête ? Avec les intox, parfois, on a l’impression qu’on pourrait vraiment en créer un et faire fortune. Souvenez-vous la semaine dernière, pour la première fois de son histoire, Twitter épingle deux messages de Donald Trump et invite ses utilisateurs à vérifier les faits avant de relayer. Colère du président américain et désormais, c’est un combat digne de titans entre l’hôte de la Maison Blanche et un oiseau bleu, le symbole de Twitter.

La firme américaine reproche au premier citoyen du pays de diffuser des fausses informations. L’une concerne la généralisation du vote par correspondance à la prochaine élection présidentielle qui aura lieu le 3 novembre prochain, Trump affirme que cela augmentera la fraude : faux répondent les experts.

Le deuxième tweet épinglé par Twitter est un message plongeant dans le sordide digne d’un épisode des Experts. En 2001, l’assistante de Joe Scarborough, représentant républicain, décède d’une crise cardiaque dans le bureau de l’homme politique en se tapant la tête sur le coin du bureau. L’enquête conclue à un accident mais une théorie incriminant l’élu circule depuis 19 ans et Donald Trump n’arrête pas de la relayer.

Désormais journaliste à la télé américaine, Scarborough critique le président américain et Trump n’aime pas ça, d’où ces tweets vengeurs. Et là, rebondissement, nouveau tweet d’un inconnu relayé des milliers de fois et accusant Donald Trump d’avoir assassiné Carolyn Gombell, un hastag est lancé #JusticeForCarolyn.

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Alors, non, Donald Trump n’a pas assassiné une femme mais ce tweet a une fonction bien particulière.

Une fake news pour en dénoncer une autre

De quelle fonction parle-t-on et qui est cette femme, Carolyn Gombell ? En fait, Carolyn Gombell n’existe pas. Tout est parti d’un compte Twitter parodique baptisé "God", imaginant ce que Dieu pourrait tweeter s'il avait accès au réseau social. Dans les mêmes termes que le message de Donald Trump accusant Scarborough d’être au cœur de l’affaire de son assistante parlementaire, certains se sont amusés à écrire que le président américain avait tué son assistante personnelle Carolyn Gombell et soudoyé au passage le chef de la police de New York.

Le message est devenu viral et a pris Trump à son propre piège. Souci : quelle est la proportion entre ceux qui retweetent pour s’amuser, pour militer et ceux qui diffusent cette fake news pensant que ce crime est réel et qu’il peut être imputé à Donald Trump. Aux États-Unis l’affaire fait grand bruit, le locataire du bureau ovale diffusant énormément d’intox, c’est l’arroseur arrosé version numérique mais le procédé peut interroger car une fake news reste une fake news. En ces temps où le second degré est la nitroglycérine des temps modernes, le manipuler sur les réseaux sociaux, c’est délicat, l’opération Justice For Carolyn est à double tranchant, à voir si elle servira d’exemple.

Quand la RTBF annonçait l'indépendance de la Flandre

Utiliser la manipulation pour dénoncer la manipulation, ce n'est pas nouveau. De nombreux comptes sur les réseaux sociaux s’amusent des fake news, des complots, des conspirationnistes, l’humour est une arme efficace contre cet épidémie d’intox qui semble sans fin. Après, il y a eu des manipulations pour la bonne cause à grande échelle dans l’histoire et encore récemment. En 2006, la RTBF, l’audiovisuel public belge, annonce à 20 heures que la Flandre proclame son indépendance. Reportage et témoignage à la clef.

Les spectateurs sont scotchés à l’écran, voyant s’éteindre le pays qu’ils ont toujours connu. Une heure plus tard, la rédaction annonce que tout ceci était faux, il s’agissait de provoquer un éléctrochoc et de montrer les conséquences du divorce wallon-flamand. Une fake news pour la bonne cause, cela présage-t-il de l’avenir de l’intox pour lutter contre l’intox ? L’avenir sera complexe.

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