En Direct
3 min de lecture
Le "gaz hilarant"
Crédit : M6 / Martin Gabriels et Victor Bastard
Je m'abonne à la newsletter « Infos »
Marine est tombée très tôt dans la consommation de protoxyde d'azote, aussi appelé gaz hilarant. Prise dans les filets de l'addiction, elle n'a jamais pu s'en défaire complétement. De la descente aux enfers, à la remontée sinueuse et inachevée, en passant par le décès de son père, elle se confie au micro de Faustine Bollaert dans Un jour, une vie.
L'addiction de Marine est née d'une mauvaise rencontre. Alors qu'elle n'a que 18 ans, son petit ami l'attire sur la pente glissante des produits addictifs : "il a commencé à me dire 'bois, fume, teste les ballons', se souvient-elle. Dans l'inertie de la découverte, elle inhale ses premières capsules de protoxyde d'azote : "la première fois, c'était hilarant. J'étais détendue. Donc forcément, on recommence".
Damien Scliffet, psychiatre-addictologue explique les dangers qui entourent la consommation de gaz hilarant : "Il y a des risques à l'inhalation, même la première fois : il y a des risques de chute, de traumatisme crânien, il y a des risques de brûlure, c'est un gaz qui est très froid. Ce qu'on va voir sur la durée, ce sont plutôt des symptômes neurologiques, avec une perte de sensation qui va démarrer dans les extrémités. À cela peut s'ajouter une perte motrice aussi : les muscles qui ne fonctionnent plus correctement. Et ça peut aller jusqu'à des paralysies complètes".
À force de goûter à ce plaisir éphémère, ce qui était occasionnel, se mue en consommation courante, voire incontrôlée : "je faisais 3-4 cartons, donc 250 ou 200 capsules, en une soirée", se rappelle Marine. À cela, s'ajoute un mal-être grandissant, terrain fertile à l'addiction : "Il arrive un temps, ce n'est plus festif. Je le fais parce que je n'étais pas bien psychologiquement. J'étais triste, j'étais mal. Je me renfermais dans ça".
Cette consommation frénétique n'est pas sans conséquence : "J'ai commencé à moins sentir mes pieds, mes mains. Ça a commencé à monter tout doucement dans les jambes". Puis, un drame familial est venu s'ajouter à sa liste des malheurs, accélérant le processus : "en mai 2021, j'ai perdu mon papa, ma meilleure amie a également perdu le sien. On s'est renfermées à deux et on consommait non-stop. On était chez elle. Et c'est là où on a commencé à ressentir des troubles de la marche sensibles", poursuit-elle.
En dépit des avertissements transmis par son corps, Marine ne réduit pas sa consommation, au contraire, elle l'intensifie. Jusqu'à ce qu'en 2023, les symptômes deviennent si intenses que la jeune femme perd l'usage de ses jambes : "Je ne tenais plus, j'avais besoin qu'on me tienne. Une personne à droite, une personne à gauche. J'avais le corps qui tournait". Sa meilleure amie décide d'agir : "Elle m'a dit : 'C'est bon, t'arrêtes ! Je vais te faire sortir'. On est parti prendre l'air, elle me tenait. Mais je ne tenais plus debout, je tombais. On a décidé d'aller à l'hôpital, aux urgences".
Après 2 semaines en neurologie et 3 fois plus de temps en rééducation, Marine réussit à marcher de nouveau, et doit désormais soigner son addiction en se rendant dans un centre spécialisé. Mais la bonne volonté est insuffisante face à ce fléau implacable : "La première fois, je suis restée trois semaines. La deuxième fois, j'ai craqué au bout de cinq jours et je suis partie", raconte la jeune femme.
Aujourd'hui, Marine lutte toujours contre son envie irrépressible de consommer du gaz hilarant. "Je vois un thérapeute à côté et j'ai pris certaines décisions. Par exemple, je ne gère plus mon argent, j'ai donné ça à ma mère pour ne plus avoir accès à la drogue". Il faut dire que la facilité avec laquelle on peut s'en procurer ne facilite pas les choses : "ce n'est même pas vendu sur le Darknet, c'est vendu sur Internet, sous couvert d'être vendu pour fabriquer de la chantilly. C'est très hypocrite : les sites vendent ça pour faire des soirées chantilly, mais on sait bien que c'est pour un usage détourné", s'insurge Damien Scliffet.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte