"J'ai mon propre matériel à la maison" : ces jeunes qui se dopent pour avoir un corps de rêve

Si le sujet est très largement tabou en France, le dopage se démocratise toujours plus dans le sport amateur et spécifiquement dans les salles de musculation. Stéroïdes, anabolisants, tout est bon pour avoir un corps de rêve. Parmi ces dopés, beaucoup commencent parfois très jeunes.

Il suffit de se rendre sur les réseaux sociaux, TikTok, Instagram, pour voir des jeunes se mettre en scène, en vidéo, avec des muscles énormes, des cuisses de joueurs de rugby, et des biceps à faire rougir Arnold Schwarzenegger. Nombre d'entre eux abordent aujourd'hui des corps de bodybuildeurs alors qu'ils sortent à peine de l'adolescence.

C'est le cas d'Adam, 18 ans, qui prend depuis plusieurs mois de la testostérone pour faire gonfler ses muscles. "C'est une injection intramusculaire, donc dans le muscle. Moi, personnellement, j'ai commencé dans le fessier. Et au fur et à mesure, j'ai appris tout seul. Et à l'heure actuelle, je fais mes injections tout seul. J'ai mon propre matériel à la maison" explique le sportif au micro de RTL. 

Des bons produits, ça va être dans les alentours de 90-120 euros.

Adam

Le dopage, même s'il se démocratise, représente tout de même une dépense financière conséquente. "Des bons produits, ça va être dans les alentours de 90-120 euros", développe Adam. "Pour une cure débutante, ça va être une à deux injections. Le mieux, deux injections par semaine pendant dix semaines" conseille le bodybuildeur.

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Aujourd'hui, les candidats aux stéroïdes commencent parfois de plus en plus jeunes. "J'en connais de 14-15 ans qui sont notamment venus me demander des conseils, des renseignements dessus. Je connais des jeunes de 14-15 ans qui me demandaient comment faire pour éviter d'avoir des effets secondaires parce qu'ils commençaient à en avoir à cause des produits", raconte Adam. Les réseaux sociaux jouent notamment un grand rôle dans l'engouement de cette tendance, c'est d'ailleurs le cas d'Adam. 

Les contenus publiés en ligne responsables de l'engouement

"Pour moi, c'est dû en grande partie et principalement aux réseaux sociaux qui montrent une image d'influenceurs avec des physiques bien développés, secs, bien musclés. La plupart sont sous stéroïdes ou parlent des stéroïdes. Ça peut d'une façon ou d'une autre influencer les jeunes" affirme le sportif. 

Se procurer des produits dopants est devenu très simple. Quelques clics sur internet permettent d'ouvrir les portes du dopage. De nombreux sites offrent des produits dopants, avec parfois des codes promos et comme sur Amazon, il suffit d'ajouter au panier puis d'attendre que la petite fiole et la seringue atterrissent dans votre boîte aux lettres. D'après le colonel Ehahrt de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et la santé publique, la consommation de ces produits augmente chez les jeunes du fait de leur grande accessibilité.

Un marché du dopage international et démocratisé

"N'importe qui peut très vite s'en procurer sur des chaînes de réseaux sociaux diverses et variées. Il y a un vrai marché qui vient de certains pays d'Asie, ça passe par des pays rebonds en Europe centrale, où là, on a une notion de grossiste. Et après, on a des labos un peu clandestins, et la mise sur le marché soit directement, soit par des réseaux internet. Puisque ce côté livraison par internet a rendu plus facile la production. Il y a une diffusion assez large de ces produits. Je ne vais pas dire qu'il y en a partout, mais c'est quelque chose qui augmente beaucoup" expliquer le colonel Ehahrt. "Alors ces sites qui vendent ces produits dopants sont en français, mais ils sont implantés à l'étranger, en République tchèque, en Pologne, en Serbie, et donc les fermer est très difficile", constate-t-il. 

Même si ces produits, font gonfler les muscles, ils restent dangereux et toxiques pour la santé. Une prise prolongée et a un jeune âge provoquent par exemple des troubles hormonaux, de la dépression, de l'hypertension, des risques de crise cardiaques et des maladies au foie ou aux reins. Depuis quelques années, le docteur Franck Mignot, refuse de prendre en charge ses patients.

Des consommateurs n'hésitant à s'opposer aux conseils de leurs médecins

"Ils vont tenter de mettre un médecin dans la boucle. "Alors oui, mais je prends ça, mais c'est vraiment pour m'aider. Je ne vous demande rien, mais c'est pour me surveiller". Plus on va les assister là-dedans, plus on va leur donner l'illusion qu'ils sont en sécurité. Et j'ai envie de leur dire, il faut que tu aies un peu peur" explique le généraliste, témoin du phénomène grandissant. 

"Quand je tombe sur un individu comme ça, je dis "écoute, c'est ton choix. Le jour où tu as un souci, tu viens me voir et on va tenter de voir ce qu'on peut faire pour réparer. Mais je ne participe pas à ton truc, donc je ne vais pas te surveiller. Personne ne te met un fusil sur la tempe pour prendre ça". Parce qu'eux se sentent forcés de le faire. Si je ne le fais pas, je ne vais pas plaire, je n'aurai pas mes objectifs" affirme le docteur Franck Mignot. La santé de ces jeunes reste, pour ces derniers, secondaire dans leur course effrénée aux biceps et aux likes sur les réseaux sociaux.