Adama Camara pose une enceinte au milieu de la salle de classe, s'adosse au bureau du professeur et attrape un micro. Le colosse d'1m90 raconte son histoire, le décès de son frère en 2011 et son désir de vengeance des années plus tard. "Un soir je suis tombé sur le grand-frère de la personne qui a tué mon frère", lance l'ancien détenu aux élèves. "J'ai pas hésité, j'ai ouvert ma boîte à gants, j'ai pris mon arme à feu et je l'ai utilisée à plusieurs reprises sur lui". Adama Camara est condamné à 8 ans de prison pour tentative de meurtre. "La vengeance ça ne soulage pas, bien au contraire".
Le trentenaire vit l'incarcération comme un déclic et décide de sensibiliser les jeunes. Dans ses ateliers, l'ancien détenu utilise les codes de ces ados pour se faire entendre, il parle le même langage, diffuse des courts métrages avec du rap. "Je veux leur montrer la réalité de ce qui se passe en détention et dans les familles de victimes. Qu'ils prennent conscience des conséquences. L'objectif c'est d'avoir de moins en moins de jeunes qui tombent dans ces problématiques de rixes", explique Adama Camara. À chaque intervention, il appelle des élèves au tableau et met en scène une rixe.
Pour rien, pour un regard ou une parole déplacée il y a des bagarres
Noélia, 14 ans.
"Des bagarres comme ça, ça arrive souvent dans la cité où je vis", raconte Noélia, 14 ans qui vit dans un quartier de Seine Saint Denis. "Pour un regard ou une parole déplacée", poursuit l'adolescente. À la fin de l'atelier, la sonnerie retentit, Hermann remet son sac sur le dos. "C'est très bien, il nous raconte ses erreurs pour ne pas qu'on les reproduise", sa satisfait le collégien. "Je suis sorti de tous les problèmes de cité, mais mes frères ont des amis qui sont toujours dedans. Je vais faire en sorte de les aider à s'en éloigner ".
L'association d'Adama Camara baptisée Sada (du nom de son frère assassiné), a été sollicitée pour intervenir à Stains parce qu'il y a eu des tensions au sein de l'établissement. "Il y avait un conflit entre un de nos élèves et un élève d’un autre établissement, on s’est retrouvé avec 40 jeunes qui voulaient en découdre sur notre parvis. On a dû appeler les forces de l'ordre", explique Wahiba Afouf, la directrice du collège Sainte-Marie. "Nous avons donc décidé de sensibiliser les jeunes à la problématiques des risques. On est peut-être un établissement privé catholique sous contrat mais on est pas à l'abri", conclue la directrice. Adama Camara sensibilise désormais des élèves dès l'école primaire. Avec des jeunes impliqués de plus en plus tôt dans les rixes.
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