"J'ai du mal à me concentrer en classe" : un lycéen sur cinq travaille régulièrement après les cours

Les lycéens sont de plus en plus nombreux à travailler à côté de leurs études. Et pour mesurer l'ampleur du phénomène, le CNRS vient de lancer une vaste enquête, la première du genre en France, dans les académies de Provence, du Sud-Est, de Nouvelle-Aquitaine, du Sud-Ouest, et de l'île de La Réunion. 

Selon les premières données collectées, entre 20 et 25 % des lycéens seraient concernés par des emplois réguliers en dehors de leur apprentissage scolaire. Alexis est en terminale et il travaille depuis longtemps avec son père, commerçant itinérant : "J'ai commencé vers 11 ou 12 ans avec mon père, je travaille sur les marchés. Le matin, on se lève tôt pour aller déballer. C'est compliqué de faire les deux, j'ai du mal à me concentrer en cours."

Tom est, lui aussi, élève de terminale, il travaille depuis son entrée au lycée, essentiellement dans des petits boulots très physiques : "Un week-end, j'avais fait du terrassement à la pelle et le lundi, j'étais crevé. Je n'avais pas réussi à me reposer." Les deux lycéens assurent que plusieurs autres camarades de leurs classes respectives travaillent eux aussi régulièrement, notamment dans les fast-foods ou la grande distribution. Certains font même de la livraison avec leur vélo une fois les cours terminés. 

Le CNRS publiera ses conclusions en 2026

Le sujet reste méconnu comme le confirme Maitane Cocagne, professeure de SVT à Bordeaux : "On le sait mais c'est quelque chose qui reste obscur. Les élèves n'en parlent pas forcément et peut-être qu'on ne leur pose pas assez la question, ce n'est pas un réflexe."

Ce phénomène se retrouverait aussi bien dans les lycées d'enseignement général que dans les lycées d'enseignement professionnel. L'enquête du CNRS se fait en deux temps : les chercheurs se sont d'abord rendus l'année dernière directement dans les lycées, où ils ont interrogé un millier d'élèves. La deuxième phase commence en ce moment avec l'envoi de 150.000 questionnaires individuels. 

Juliette Vollet, membre du CNRS, supervise l'enquête : "Quels types de travail ? Quelle intensité de travail ? Quel est le regard des parents ? Quel est leur parcours scolaire ? L'idée, c'est aussi d'aller voir quels effets a ce travail sur les parcours scolaires mais aussi sur le parcours biographique. Ce qu'on veut savoir c'est combien de jeunes ça représente et si les politiques doivent se saisir de cette question." Le CNRS publiera ses conclusions au tout début de l'année 2026.