Elle s'exprime pour la première fois, avec beaucoup d'émotion. Camille Bockel, qui s'est mariée à titre posthume avec Pierre-Emmanuel Bockel, soldat français mort au Mali en 2019, rend hommage, mardi 25 janvier, à son défunt époux, tout en évoquant ses espoirs et ses craintes sur la situation au Mali.
Enceinte lorsque son mari est décédé, elle tente de transmettre un peu de lui à son fils. "Je lui dis qu'il est né d'amour, et j'espère qu'on lui a transmis. Je lui parle beaucoup de paix (...) et de son papa avec beaucoup d'amour et de douceur".
Un père et un époux dont elle était particulièrement fière : "J'étais fière de l'homme, de voir qu'il menait jusqu'au bout ses idées et ses projets". Elle rappelle notamment qu'il pensait aussi aux pertes du côté malien quand il y avait des attaques. "Il avait envie d'aider, de servir, de paix, et surtout de piloter (il était pilote d'hélicoptère, ndlr)... Mais pas de faire la guerre. Il serait triste de voir que nous n'arrivons pas à dialoguer", confie-t-elle.
Si elle a décidé de témoigner, un peu plus de deux ans après la mort de son mari, c'est en raison de la situation qui se délite entre Paris et Bamako et qu'elle observe avec "tristesse". Les autorités, dominées par les militaires qui se sont emparés du pouvoir en août 2020, ont notamment décidé lundi d'expulser l'ambassadeur de France.
Pour elle, cette expulsion est une décision "très radicale, très violente". "Je ne suis pas particulièrement politisée, mais ça pose question et ça fait peur. On se demande toujours à quoi va ressembler l'après" au Mali, avoue-t-elle. "Mais je crois que quelles que soient les décisions, il y aura toujours des conséquences. Et elles amèneront toujours à des pertes humaines. C'est assez effrayant".
Elle espère alors que le retrait des forces se fera dans la concertation et le dialogue. "Il faudrait une communication, enlever un peu d'ego", plaide Camille Bockel.
Alors que les forces françaises déployées au Sahel sont désormais officiellement désengagées du nord du Mali, 53 soldats français sont morts dans ce pays depuis 2013. Pour autant, elle refuse de dire "qu'ils sont morts pour rien". "Quand ils sont partis, leur mission avait un sens. Quelle que soit l'issue de ce combat, ils ne seront pas morts pour rien".
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