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"Insulte raciste" : pourquoi certaines plantes pourraient-elles changer de nom ?
Une mesure inédite réunie plusieurs botanistes du monde entier. Ces scientifiques s'interrogent sur le nom de plusieurs plantes, dont l'étymologie porterait un héritage raciste.
Une fleur de Protea caffra (photo d'illustration).
Crédit : Wikicommons
Les plantes aussi peuvent avoir des connotations racistes. C'est ce qu'on estimé une majorité de scientifiques lors du 20e Congrès international de botanique, qui se tient cette semaine du 22 juillet, à Madrid. Plus de 60% d'entre eux ont estimé qu'un changement de nom était nécessaire pour une centaine de plantes, algues et autres champignons, comme le rapporte la revue Nature.
Avec 63% des 556 botanistes présents lors du vote, ce changement a été adopté de justesse. C'est le terme "caffra" (caffre en français) qui pose à ce jour problème et qui ne fait plus consensus au sein de la communauté scientifique. Particulièrement lié à la période de l'apartheid en Afrique du Sud, ce terme désignait péjorativement et historiquement les personnes noires. La revue South African Studies ajoute même que ce terme latin renvoie aussi à des notions racistes et de supériorité blanche.
Car si au début du XXe siècle, "caffre" permettait de désigner tous les Noirs africains, considérés par les colons blancs comme inférieurs, ce mot insultant a notamment permis au régime d'apartheid sud-africain de justifier son racisme à travers la linguistique.
Comment remplacer ce terme ?
"Nous sommes satisfaits de la suppression d’une insulte raciste des noms scientifiques des plantes, des algues et des champignons", s'est félicité le botaniste Gideon Smith, auprès du Times. "Et nous sommes contents de voir que plus de 60 % de la communauté botanique mondiale s’est exprimée en faveur de notre proposition."
Dans les plantes et champignons concernés par ces modifications, les scientifiques sont tombés d'accord sur le remplacement du mot "caffra" par le terme "affra", afin de souligner les origines africaines des espèces nommées. Par exemple, "Protea caffra" deviendrait "Protea affra".
Résolument historique, car même les noms des animaux ne peuvent pas modifiés, cette mesure inquiète tout de même quelques collègues des partisans de ce changement. Ils s'interrogent notamment sur les risques de confusion dans les fichiers et bases de données, risquant par extension de potentiellement mettre en danger des espèces déjà menacées.