Des dizaines de milliers d'hectares de forêts sont partis en fumée cet été. Le contexte environnemental est important, mais les feux sont la plupart du temps d'origine humaine, un mégot, un barbecue... Souvent, les flammes ne sont que le résultat d'une négligence. Mais dans certains cas, c'est la pyromanie qui est l'explication.
26 personnes soupçonnées d'actes pyromanes ont été interpellées depuis le début de l'été. Parmi ces suspects, il y a quelques femmes, même des enfants, mais ce sont surtout des hommes, autour de la quarantaine. "Il a dit que c'était une espèce de besoin, comme une addiction, d'allumer des feux", explique Marion Barre, l'avocate de l'un d'entre eux, un homme de 37 ans qui a reconnu deux départs de feu dans le département de l'Hérault le mois dernier. Cet homme a la particularité d'être un agent forestier départemental et un pompier volontaire.
"Dès qu'il n'est plus en train d'éteindre un feu, un incendie dans le cadre de son travail, il a ce manque de voir du feu, d'être à proximité du feu", a poursuivi son avocate. Père de deux enfants, il n'a pas de casier judiciaire. Il a été placé en détention provisoire en attendant son procès, une dizaine d'incendies lui sont reprochés sur une période de trois ans.
On assimile parfois le processus à une pulsion sexuelle. "Ils vont mettre en place cette espèce de système dans lequel il va y avoir une tension grandissante qu'ils vont ressentir. Ensuite, ils vont aller jusqu'à organiser l'incendie et cette tension va augmenter. Puis, il y aura une petite phase de satisfaction qui va être assez fugace", a analysé le Dr Laurent Layet, expert psychiatre auprès de la cour de Cassation qui a examiné plusieurs pyromanes.
Le passage à l'acte peut être encouragé par des facteurs personnels, des difficultés familiales ou financières. Dans certains cas, c'est le contexte environnemental qui est en jeu, comme la sécheresse de cet été qui a rendu la nature propice à des départs de feu.
"C'est plutôt des périodes dans la vie d'un individu qui peuvent être marquées par la pyromanie. On ne naît pas pyromane. On ne meurt pas pyromane", a complété le docteur.
Il n'existe pas de remède médical pour traiter la pyromanie, seule une détection et une prise en charge psychologique peuvent prévenir le passage à l'acte. Cet état de fait rend difficile l'encadrement et la prévention des actes de pyromanie.
L'adjudante Marie Ray est technicienne d'identification criminelle et travaille sur les incendies dans le département du Var. Cet été, elle est sur la piste d'un pyromane potentiel. "Sur une commune du département, on a eu 7 ou 8 départs de feux sur une période d'une semaine, toujours à peu près dans le même secteur. On peut éventuellement être quasiment sûr que ce sont des incendies volontaires", a-t-elle déclaré.
La fréquence des flammes est un premier indice, avec des pyromanes qui provoquent plusieurs départs de feu à intervalles rapprochés, afin de multiplier leurs chances d'aboutir à l'incendie. Les moins précautionneux laissent des traces de leur passage à l'acte, comme des briquets, des allumettes ou encore directement des allume-feux. "Il y a des personnes qui vont ajouter un peu d'hydrocarbures. Si on passe un détecteur et qu'on retrouve ces éléments-là, on peut être sûr que l'incendie a été mis volontairement", a complété Marie Ray.
Mais il n'y a pas toujours de trace si évidente. En France, on estime à environ 30% le nombre d'incendies volontaires, un chiffre sans doute sous-estimé, faute de preuves suffisantes. Un auteur d'incendie volontaire risque, selon le code pénal, jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende, si le feu n'a pas fait de victime. Les cinq pyromanes condamnés cet été ont écopé de peine de prison avec sursis pour les sanctions les plus faibles et jusqu'à 7 mois fermes pour la plus lourde.
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