Neuf mois après l'attentat de Charlie Hebdo, dans lequel a été tué son mari et 10 autres personnes, Chloé Verlhac sort Tignous, un recueil de dessins de son époux. L'ouvrage, qu'elle a supervisé, contient pas moins de 200 de ses œuvres mais également des textes de ses amis Jean-François Kahn, Renaud, Christophe Alévêque ou même de la garde des Sceaux Christiane Taubira.
Auteur de la tuerie, les frères Kouachi ont assassiné Bernard Verlhac, de son vrai nom, mais n'ont pas fait taire l'artiste veut faire savoir la veuve. "Ils m'ont pris mon amoureux mais on peut continuer à faire vivre l'artiste". Un artiste, profondément athée, pour qui la religion était un sujet de prédilection, car "il rapportait ça aux sectes et à l’obscurantisme. Et quand les gens ne sont plus libre de penser, ils deviennent dangereux. La preuve..."
Quand on nous dit quoi penser, on devient cons
Chloé Verlhac, veuve de Tignous
Si comme Maryse Wolinski, dont le dessinateur de mari est également mort dans l'attentat de janvier, Chloé Verlhac n'a pas touché à l'atelier de son mari. Mais elle ne veut "surtout pas en faire un mausolée" et pense le transformer en bureau de la maison, où ses enfants et elle pourront travailler.
À ses derniers, elle n'a pas raconté en détail la mort de leur père, car ils sont trop petits et que c'était trop douloureux, même si elle, elle a eu besoin de savoir. "On parle de leur papa vivant, des souvenirs heureux", raconte-t-elle, même si parfois quand ils s'indignent contre "ces cons qui ont fait ça à papa", comme ils disent, le tragique reprend le dessus. Elle ne lit plus Charlie Hebdo, car l'absence des dessins de Tignous lui est trop douloureuse. Que pense-t-elle des départs de Luz et Patrick Pelloux de la rédaction ? "On fait tous comme on peut pour survivre à ça".