"Il y a un abandon de la communauté juive" : menacé de mort, Arthur raconte sur RTL vivre un "enfer" depuis l'attaque du 7 octobre

Deux ans après l'attaque du 7 octobre, l'animateur Arthur se dit encore sous le choc. Pour tenter d'avancer, l'animateur a écrit J'ai perdu un bédouin dans Paris, un livre qui raconte comment il a vécu, personnellement et aux côtés de ceraines famille d'otages, les deux années qui ont suivi le massacre du 7 octobre. Ce livre ne porte pas sur l'attaque du Hamas, mais "sur la traversée des deux années qui ont suivi cet événement", explique-t-il.

Invité au micro de Stéphane Boudsocq dans Le Journal inattendu, ce samedi 4 octobre, l'animateur et producteur est revenu sur ce drame qui a profondément marqué sa vie et sur un antisémitisme qui ne cesse de grandir. 

Arthur, qui signe son livre de son vrai nom de famille, Arthur Essebag, affirme avoir reçu de nombreuses menaces de mort. "On m'a recommandé chaleureusement de protéger mes biens, ma famille, moi-même, explique-t-il. Donc oui, je vis accompagné", ce qui n'est ni "un privilège", "un luxe", "c'est un enfer". 

"C'est un enfer de ne pas pouvoir venir vous voir sans avoir quelqu'un qui repère les lieux avant, sans être accompagné 24 heures sur 24, de ne pas pouvoir descendre pour prendre un café avec des copains à l'improviste", énumère-t-il. Cependant, Arthur se sait chanceux. Il cite alors les "gens qui se font tabasser parce que juifs [...] et qui n'ont pas la chance d'être protégés comme moi". 

Il y a une espèce d'abandon qui s'est généralisé de la communauté juive de France

Arthur, dans Le Journal inattendu sur RTL

Sur RTL, comme dans son livre, Arthur revient sur la manifestation de soutien organisée en octobre 2023, au Trocadéro. "On pensait être 10.000, 20.000, 30.000. Et on n'était même pas 5.000", regrette-t-il. Arthur remarque alors l'absence des personnes ayant appelé à manifester "pour les Ouïghours, pour Georges Floyd, pour les LGBT", rassemblements auxquels lui assiste toujours. "On ne peut pas être de toutes les causes, mais j'ai toujours répondu présent, c'est dans mon ADN", poursuit celui qui s'est senti "un petit peu seul". 

La star de TF1 assure ne pas reprocher aux gens de ne pas s'être exprimés après le 7 octobre, "mais dans ce froid et dans cette manifestation glaciale, on avait besoin d'un peu de chaleur et on aurait aimé qu'on nous prenne dans les bras et qu'on nous dise 'on est là', 'on va vous aider', 'on va s'en sortir tous ensemble'. Il y a une espèce d'abandon qui s'est généralisé de la communauté juive de France", assure-t-il. 

L'animateur raconte dans son livre les téléphones qui ont arrêté de sonner, les gens qui leur souriaient un peu moins. "On s'est retrouvés à vivre dans un monde un peu parallèle, où la vie continuait parce qu'elle doit continuer et nous, nous étions bloqués au 7 octobre. Nous sommes toujours bloqués au 7 octobre, et nous passerons au 8 octobre quand tous les otages seront rentrés à la maison", affirme Arthur.

Quand je vois un enfant qui pleure ou un enfant qui est mort, je m'en fous de voir sa nationalité. Je vois un drame. Je vois du malheur.

Arthur, dans Le Journal inattendu sur RTL

L'ancien animateur des Enfants de la télé déplore une société incapable de défendre le droit d'Israël à exister ainsi que la liberté du peuple palestinien. Il accuse alors les réseaux sociaux et les algorithmes qui "font que vous vous retrouvez, malgré vous, à choisir un camp". "On a perdu la nuance", regrette-t-il.

Il revient alors sur la manifestation au Trocadéro. "J'aurais tellement aimé que des artistes ou des personnalités, des intellectuels disent 'Rendez les otages et cessez-le-feu à Gaza'. Mais ils n'ont pu dire que 'Cessez-le-feu à Gaza'. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ça restera un des grands mystères", souffle l'animateur. Il l'assure : "On peut aimer Israël et ne pas être en accord avec le gouvernement de Benjamin Netanyahu. Comme on peut avoir énormément d'empathie pour le peuple palestinien et critiquer le fait qu'il soit dirigé par un mouvement terroriste barbare. L'un n'empêche pas l'autre."

"L'empathie n'a pas de drapeau", poursuit-il. "Quand je vois un enfant qui pleure ou un enfant qui est mort, je m'en fous de voir sa nationalité. Je vois un drame. Je vois du malheur" Aujourd'hui, on se retrouve dans un truc un peu binaire, on est dans un camp, on est dans un autre. Il n'y a pas de camp. C'est le camp de la vie".

"Le 7 octobre, déplore-t-il, par ailleurs, il y avait un pays qui vivait un Pogrom, qui est un vrai génocide, ce qui s'est passé en Israël le 7 octobre. Le 8 octobre, alors que les Israéliens comptaient leurs morts et cherchaient encore les cadavres, le monde entier criait au génocide. C'était fou ! J'ai l'impression qu'on vit dans une manipulation médiatique complètement folle. liée aux algorithmes des réseaux sociaux. Pour moi, c'est l'une des raisons principales".

J'ai perdu un bédouin dans Paris, une scène complètement folle et un fou rire dans ce moment de torpeur.

Arthur, dans Le Journal inattendu sur RTL

Au micro de Stéphane Boudsocq, Arthur a également pu expliquer le titre énigmatique qu'il a donné à son témoignage, à son récit. Dans son ouvrage intitulé J'ai perdu un bédouin à Paris, il raconte avoir fait venir, en France, les familles des otages pour les présenter au pouvoir public, pour qu'elles rencontrent la presse, "parce qu'on n'en parlait plus", assure-t-il.

"Parmi les familles des otages que j'ai fait venir, il y avait la famille d'un otage bédouin, car il y a aussi des musulmans israéliens qui ont été enlevés", poursuit-il. "Et donc, je l'ai perdu dans Paris. Et je raconte dans le livre de quelle manière je l'ai perdu."

L'animateur revient sur cette soirée. "Il avait un keffieh rouge sur le visage. Il ne parlait pas un mot, ni de français, ni d'anglais. Il était sur haut-parleur. Et je lui disais, en hébreu, de dire 'help' et de donner le téléphone à quelqu'un. Ça a été une scène complètement folle et un fou rire dans ce moment de torpeur".

Quel espoir pour les otages avec le pan de Donald Trump ?

Ce samedi 4 octobre, bientôt deux ans après l'attaque du 7-Octobre, le Hamas s'est déclaré ouvert à des négociations pour discuter du plan Trump pour Gaza. Première étape : la libération des otages israéliens et la restitution des corps de celles ou ceux qui sont décédés.

"On a l'habitude des montagnes russes émotionnelles, réagit Arthur. J'ai envie d'être optimiste, j'ai envie de me dire que c'est le début de cette fin. Mais objectivement, tellement de fois, on a cru qu'on y était, à cette libération des otages, et on a ressombré dans une déception..."


L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont toujours otages à Gaza, dont 25 sont mortes selon l'armée. L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 67.074 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

Je créé mon compte Se connecter

S’abonner à la Newsletter RTL Info