Accuser un scientifique de corruption : c'est la dernière manoeuvre utilisée par Monsanto pour décrédibiliser les opposants à l'utilisation du glyphosate. Selon les informations du journal Le Monde, la firme productrice du pesticide Roundup s'est lancée dans une campagne de rumeurs visant Christophe Portier, toxicologue américain associé au Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) des Nations unies.
À Bruxelles, siège de la Commission européenne, "des envoyés de Monsanto approchent depuis plusieurs jours des journalistes pour leur raconter une histoire explosive", écrit le quotidien. Selon ces rumeurs également propagées sur internet, Christophe Portier aurait été acheté par les avocats représentant les plaignants d'une action en justice contre Monsanto aux Etats-Unis, afin d'influencer l'avis du CIRC sur le glyphosate.
En mars 2015, le CIRC a classé le glyphosate, principe actif du Roundup commercialisé par Monsanto, comme "cancérogène probable". Interrogé par Le Monde, Christophe Portier dément les accusations de corruption selon lesquelles il aurait secrètement touché près de 160.000 dollars - environ 135.000 euros. Le scientifique confirme avoir conclu un contrat avec un cabinet d'avocat "mais après que l’avis du CIRC a été rendu".
Début octobre, Le Monde révélait déjà les pratiques douteuses de Monsanto en dévoilant le scandale des "Monsanto Papers". Visée par plusieurs plaintes aux États-Unis, l'entreprise est accusée d'avoir fait rédiger par ses employés des études contrant les accusations de toxicité du glyphosate, avant de les faire signer par des scientifiques.
Le CIRC est la seule agence sanitaire à avoir alerté sur les conséquences néfastes de l'utilisation du glyphosate. En 2015, l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a elle jugé que le risque cancérogène était "improbable". L'utilisation du glyphosate est débattue au sein de l'Union européenne, et les pays membres doivent se prononcer sur son autorisation le 25 octobre prochain.