Fort Boyard : les images du chantier à 44 millions d'euros pour sauvegarder le monument en péril

Le chantier qui vient de démarrer à 2,4 kilomètres au large de l'Ile d'Oléron est constitué de deux éléments distincts mais étroitement liés. D'abord une barge flottante avec une pelle de 70 tonnes au godet en acier impressionnant qui ressemble à une patte de Godzilla et un navire équipé d'un puit pour récupérer les remblais.

"La grue extraite du fond de l'eau de la pierre et du granit, vestiges de précédents et lointains travaux du Fort puis les dépose dans le navire en pivotant. Ensuite, le navire se positionne au-dessus des fosses qui nécessitent d'être mises à niveaux pour préparer la suite du chantier. L'objectif est d'extraire 4.000 m3 ce qui équivaut environ à 8.000 tonnes de roches", explique Philippe Lombard qui supervise le chantier. 

C'est un chantier hors norme dicté par les humeurs de l'océan !

Philippe Lombard -Chef de projets au Departement

En moyenne, la grue sort de l'océan 400 m3 par jour. C'est le travail de Charles, le regard fixé vers les flots. "C'est vraiment particulier d'enfoncer le godet dans l'eau. On le voit disparaitre et il faut vraiment travailler avec beaucoup de finesse avec la manette avant de remonter le chargement". 

La cabine dispose d'un GPS et de plusieurs écrans de contrôles autour du poste de pilotage. "Grace à ces écrans, les couleurs nous indiquent à quelle profondeur on creuse et en même temps, il faut avoir un œil sur les images en live de la caméra qui filme les alentours pour éviter tout accident quand le bras de la pelleteuse pivote vers le navire".

Quant la houle arrive on le sent tout de suite !"

Gauthier-Opérateur maritime

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Tous les horaires du chantier sont calculés en fonction des marées et des conditions météorologiques souvent changeantes et imprévisibles autour du Fort. La sécurité du personnel est donc une priorité. Sur le chantier, outre les casques traditionnels, les techniciens portent tous un gilet de sauvetage. "Nous travaillons à une vingtaine de mètres de distance du Fort et depuis que nous avons commencé, on voit vraiment comment l'océan évolue au fil des heures. Lorsque la mer descend, c'est calme. Quand elle remonte, là les choses changent. Une houle commence à arriver de chaque côté du Fort et quand les vagues s'écrasent les unes contre les autres, ça commence à remuer. Quand la houle arrive, on le sent tout de suite et c'est là que les installations sur lesquelles nous travaillons sont sollicités. Les câbles cassent et on doit les réparer le plus vite possible", souligne Gauthier, opérateur maritime.

Un chantier à 44 millions d'euros bouclé par une opération de mécénat

Le chantier représente un cout global de 44 millions d'euros mais pour Sylvie Marcilly, présidente du département de la Charente-Maritime, c'est le prix à payer pour sauver le fort. "Ce que nous réalisons est historique même si cela coute cher. Nous avons déjà bouclé la moitié du budget et nous comptons vraiment sur le mécénat pour nous aider. Ce Fort est connu par chaque français depuis si longtemps qu'il fait partie de notre patrimoine national. C'est une belle mission que de le sauver et prendre la suite de ses illustres constructeurs qui ont réalisé une prouesse technique unique au monde à sa création".

Le département de la Charente-Maritime s'est associé à la fondation du Patrimoine pour lancer une vaste opération de mécénat. 3.000 contributeurs ont déjà versé  213.220 euros. "C'est vraiment le signe de l'amour du public pour ce joyau. C'est pour cela que nous avons eu l'idée d'offrir au 4.000 contributeurs un magnifique cadeau. La découverte en famille de l'intérieur du Fort. Il sera privatisé pour cette grande occasion !", conclut dans un sourire Sylvie Marcilly.